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Législatives/France: Mélenchon à un tour de devenir le cauchemar de Macron, Zemmour battu à plate couture
Le leader du parti de gauche La France Insoumise (LFI), député et leader de la coalition de gauche Nupes (Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale) Jean-Luc Melenchon prononce un discours lors de la soirée électorale au siège de Nupes, après le premier tour des élections législatives françaises à Paris, le 12 juin 2022. La gauche unie (25% à 26,2%) et le camp du président Macron (25% à 25,8%) sont arrivés au coude à coude au premier tour des élections législatives, le 12 juin 2022. (Photo
Au Café Milou, un bar parisien place de la Bastille, une dizaine de militants macronistes regardent fébrilement les résultats du premier tour des législatives. Leurs candidats sont au coude à coude avec l'alliance de la gauche et certains ministres semblent en danger.
Plus tôt, vers 17H10, les sondeurs ont annoncé une abstention record pour ce premier tour: entre 52 et 53 % selon leurs estimations, contre 51,3% en 2017.
Désintérêt, éloignement, défiance, colère ou tout simplement... beau temps : "il fait beau, il faut en profiter. On prend un poulet rôti et on va aller tranquillement aller pique-niquer en famille. De toute façon que l'on vote ou pas, ils feront toujours ce qu'ils veulent", glisse Franck Lebon, un abstentionniste de 37 ans, interrogé par l'AFP à Saint-Denis de La Réunion.
Sur Twitter, Arthur Germain, le fils de la maire PS de Paris et ex candidate à la présidentielle Anne Hidalgo, jette son bulletin de vote à la poubelle: "N'a pas voté ! Quand changer les règles du jeu ne suffit plus, c'est le jeu qu'il faut changer", lance le jeune homme de 20 ans.
19h45 dans la capitale française, casque de moto sous le bras, Julia arrive au dernier moment dans un bureau de vote du 2e arrondissement, essoufflée: "je me suis speedée toute la journée, je ne voulais vraiment pas louper" le scrutin. "J'ai peur de certains candidats, les extrêmes".
20H, les estimations donnent l'alliance de gauche Nupes scellée autour de Jean-Luc Mélenchon au coude à coude avec Ensemble!, le camp d'Emmanuel Macron. En projection, les macronistes obtiendraient toutefois plus de sièges à l'Assemblée nationale à l'issue du second tour dimanche prochain, mais sans certitude d'obtenir la majorité absolue de 289 députés.
A la télévision, les esprits s'échauffent entre mélenchonistes et macronistes.
Mais c'est Marine Le Pen qui prend la parole la première à Hénin-Beaumont, dans un club d'activités, couture ou fitness, pour personnes âgées, où le RN a accueilli la presse.
"C'est un match"
Candidate à sa réélection dans cette 11e circonscription du Pas-de-Calais, elle se félicite des quelque 54% des voix recueillis au premier tour, qui ne laissent guère de suspense pour la seconde manche.
Le RN n'a pas encore la certitude d'être en mesure de constituer un groupe parlementaire à l'Assemblée - il faut au moins quinze députés, mais la dirigeante d'extrême droite juge "possible d'envoyer un groupe très important" au Palais Bourbon.
Jean-Luc Mélenchon lui succède sur les antennes, depuis la Fabrique, un lieu d'événementiel branché dans le 10e arrondissement de Paris où il a retrouvé ses troupes. Le ton grave, costume gris clair et cravate rouge, le leader insoumis pilonne le camp macroniste et appelle le "peuple à déferler dimanche prochain" au second tour.
Les militants ne sont pas très nombreux sur place, mais remplis d'espoir. "Ça signifie que c'est un match, que ceux qui ont voulu enterrer le clivage gauche/droite, ben en fait, le match il existe toujours", savoure Pierre Castex, un étudiant.
Jean-Luc Mélenchon est venu les saluer furtivement un peu plus tôt et glisser à Stéphane Troussel, le président socialiste de Seine-Saint-Denis, que "ca va très bien. Les résultats sont très bons".
Coup dur pour Emmanuel Macron, l'ancien ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer est éliminé dans le Loiret, derrière le RN Thomas Ménagé et le candidat Nupes Bruno Nottin.
Autre source d'inquiétude, la ministre de la Transition écologique Amélie de Montchalin est qualifiée mais annoncée nettement distancée par le candidat Nupes Jérôme Guedj dans l'Essonne. Son poste est menacé, selon la règle tacite selon laquelle un responsable du gouvernement doit renoncer à son portefeuille en cas de défaite électorale. Même danger pour Clément Beaune (Affaires européennes) devancé par la candidate mélenchoniste Caroline Mécary à Paris selon les estimations.
20H55 au QG parisien de LREM. La Première ministre Elisabeth Borne, veste bleu ciel, réclame une "majorité forte et claire" en faveur d'Emmanuel Macron. Elle est en tête dans le Calvados, avec de fortes chances de l'emporter. Sans se départir de sa sobriété, elle attaque implicitement Jean-Luc Mélenchon.
A l'extrême droite, Eric Zemmour tarde à prendre la parole à Cogolin, dans le Var, où il est éliminé dès le premier tour, une nouvelle désillusion après la présidentielle. "Je veux dire aux Français qu'il faut continuer à se battre", dit-il la mine sombre.