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L’Éthiopie, au grand dam de l’Egypte, lance l’exploitation hydraulique du Grand Barrage
La réaction de l’Egypte n’a pas tardé. Quelques heures après le lancement officiel de la première production, le ministère égyptien des Affaires étrangères a regretté que "l'Ethiopie persiste dans ses violations de la Déclaration de principes de 2015 signée" entre Addis-Abeba, Le Caire et Khartoum
Quid avec Driss SABRI (MAP)
Addis-Abeba - Le rêve tant caressé par les Éthiopiens depuis plus de dix ans commence à se concrétiser avec le lancement dimanche de la première production d’électricité du Grand barrage sur le Nil, la Renaissance, avec la mise en marche de la première turbine d’une puissance de 375 MW.
Avec le lancement officiel de cette première exploitation de ce méga-barrage, qui a été présidé pat le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed en présence de nombreux hauts responsables, l’Éthiopie récolte les premier fruits d’un projet ambitieux porté par plus de 110 millions d’éthiopiens devant les craintes des pays en aval en particulier l’Egypte qui a estimé dimanche que le début de l’exploitation du barrage d’une manière unilatérale « constitue une violation » de l'accord sur la Déclaration de principes signé en mars 2015.
Le lancement officiel de l’exploitation du barrage qui intervient plus de six mois après le deuxième remplissage du Grand barrage avec plus de 13,9 milliards de mètres cubes d’eau (juillet 2021) et la première phase du remplissage, qui s'est déroulée en juillet 2020, avec 4,5 milliards de mètres cubes d'eau, a été l’occasion pour le Premier ministre éthiopien de rassurer les pays en aval qui réclamaient un accord global contraignant sur le remplissage et le fonctionnement de ce Grand barrage.
Depuis l’achèvement du 2eme remplissage, le gouvernement éthiopien essaye de rassurer les pays en aval en affirmant que le Grand barrage demeurera un véritable acquis et symbole de croissance et de coopération commune. «Je tiens à vous assurer une fois de plus que ce remplissage ne lésera aucun de nos pays et que le Grand barrage la Renaissance demeurera un véritable acquis et symbole de croissance et de coopération commune», avait souligné M. Abiy Ahmed.
Le Premier ministre éthiopien a réitéré lors du lancement dimanche de la première phase de l’exploitation du barrage, la volonté de l’Ethiopie à « travailler ensemble» avec les pays en aval.
"C'est une bonne nouvelle pour notre continent et pour les pays en aval avec lesquels nous aspirons à travailler ensemble", a ajouté M. Abiy Ahmed juste après la cérémonie du lancement du début de la mise en service de la première turbine du barrage.
Le lancement de cette première phase de production intervient alors que les négociations entre Addis-Abeba, Le Caire et Khartoum sont dans l’impasse depuis plusieurs mois, les trois pays ne sont pas parvenus à un accord sur les questions d’ordre juridiques et la durée du remplissage du réservoir du barrage.
La réaction de l’Egypte n’a pas tardé. Quelques heures après le lancement officiel de la première production, le ministère égyptien des Affaires étrangères a regretté que "l'Ethiopie persiste dans ses violations de la Déclaration de principes de 2015 signée" entre Addis-Abeba, Le Caire et Khartoum prévoyant la recherche d'un règlement négocié de cette épineuse question.
De son côté le Parlement arabe a condamné l'annonce par l'Éthiopie de lancer unilatéralement le processus d'exploitation du grand barrage, soulignant que cette décision constitue « une violation grave des droits à l'eau de l'Égypte et du Soudan, et une violation flagrante des accords internationaux et bilatéraux ».
Le gigantesque barrage la Renaissance avec 155 mètres de haut et 1,8 km de long, aura une puissance de 6000 mégawatts après achèvement des travaux, ce qui va permettre de couvrir tous les besoins de l’Ethiopie en électricité, sachant que près de 70 millions d’habitants n’ayant pas d’électricité, déplorent les officiels éthiopiens.
Le Grand Barrage se trouve sur le Nil Bleu en territoire éthiopien, qui avec le Nil Blanc au Soudan, forment le Nil qui va jusqu’à l’Egypte, le fleuve bleu alimente à hauteur de 85 pc les eaux du Nil.