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Scandale de la Fermegate : Les factions de l'ANC à couteaux tirés
Président sud-africain, Cyril Ramaphosa - La source de l'argent est désormais au centre d'une enquête pour blanchiment d'argent contre le président. Son avenir politique en tant que leader du parti au pouvoir est indubitablement en jeu. L’ANC en paiera certainement les frais.
Par Hamid AQERROUT ( MAP – Bureau de Johannesburg)
Johannesburg - Le refus du Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, de révéler plus de détails sur le cambriolage controversé dans sa ferme privée à Limpopo a suscité une vive controverse dans le pays, mais surtout entre les membres du Comité de travail national du Congrès National Africain (ANC), parti au pouvoir en Afrique du Sud.
Ramaphosa, qui est également président de l’ANC, est aujourd’hui au cœur d’un scandale qui défraie la chronique. Il est accusé par l'ancien chef d'espionnage Arthur Fraser d’avoir dissimulé le vol en février 2020 dans sa ferme Phala Phala de millions de dollars américains en espèces.
La source de l'argent est désormais au centre d'une enquête pour blanchiment d'argent contre le Président.
Selon Fraser, les suspects du vol avaient été kidnappés, interrogés puis achetés pour garder le silence. Preuves à l'appui, le patron de l’espionnage a inclus dans son acte d'accusation déposé dans un poste de police à Johannesburg, des photographies, des comptes bancaires, des séquences vidéo et des noms.
Le refus du chef de l’Etat de divulguer de plus amples informations sur cette affaire à retentissement, lors d'une réunion à huis clos avec ses collègues du top six du parti, a soulevé la colère de ses opposants politiques dans la structure supérieure de l’ANC. Ces derniers pensent que Ramaphosa refuse d'être tenu pour responsable de ce nouveau scandale qui a sérieusement terni l’image du parti de Nelson Mandela, déjà affaibli par des querelles internes sur fond de lutte pour le pouvoir et d’inculpation de hauts dirigeants pour des affaires de corruption.
Les dirigeants du parti ont été embarrassés surtout par les allégations de blanchiment d'argent, portées à l’encontre du Président qui avait précédemment déclaré qu'il se soumettrait à un processus de Comité d'intégrité de l'ANC, mais sans fixer de date avec le groupe des anciens du parti.
Une autre pierre d’achoppement entre les six membres du Comité de travail national est la pression exercée pour le report de la Conférence politique du parti, initialement prévue pour fin juillet prochain.
Alors que certains plaident pour ce report, invoquant des problèmes de financement dans lesquels se débat l’ANC, d’autres s’y opposent arguant que «le chef d’Etat veut reporter la conférence politique parce qu'il a peur de ce qui va arriver».
La conférence politique serait une occasion opportune pour tenir Ramaphosa pour responsable des accusations criminelles portées contre lui, soutiennent les détracteurs. "Il ne peut pas d’une conférence politique pour ne pas être obligé d’expliquer ce qui s'est passé dans sa ferme", notent-ils. Certains analystes politiques s’accordent ainsi à dire que le report de la conférence politique serait une erreur, car cela signifierait la «faiblesse politique» de Ramaphosa.
Force est de constater que la pression pour le report de la conférence politique de l’ANC intervient également à un moment où des membres influents du parti au pouvoir ont fait pression pour abroger la règle de retrait du parti, qui appelle les responsables inculpés au pénal à quitter leurs fonctions. En effet, si Ramaphosa devait être inculpé après l’enquête sur l'incident de cambriolage dans sa ferme, lui aussi devrait se conformer à la règle de retrait, comme ce fut d’ailleurs le cas de l’ancien Secrétaire général de l’ANC, Alce Magashule.
C’est dans cette perspective que la faction de transformation économique radicale (RET) de l'ANC a appelé le chef de l’Etat à démissionner de son poste, à la suite des accusations criminelles portées contre lui. La RET est allée même plus loin en menaçant d'effectuer une «arrestation citoyenne» de Ramaphosa, car, affirme-t-elle, «la police pourrait ne pas l’inculper».
Le président de la faction, Nkosentsha Shezi, a dans ce sens lancé un message clair à la police : «Arrêtez Ramaphosa, sinon nous le ferons nous-mêmes».
En attendant les résultats de l’enquête et même si le chef de l’Etat n’est pas inculpé par la justice, son avenir politique en tant que leader du parti au pouvoir est indubitablement en jeu. L’ANC en paiera certainement les frais.