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Sénégal: l'''assignation à résidence'' d’Ousmane Sonko viserait le ''maintien de l’ordre''
La maison d’Ousmane Sonko à Dakar
Dakar - L’"assignation à résidence " du leader de Pastef, l'opposant Ousmane Sonko, à son domicile à la cité Keur Gorgui à Dakar , est une "décision administrative", et non judiciaire, dont le but est le "maintien de l'ordre", a affirmé le ministre sénégalais de la Justice, Ismaïla Madior Fall.
"Si quelqu’un se lève pour faire une tournée et qu’il y a des morts, l’Etat doit être responsable et établir l’ordre", a déclaré le ministre sur la chaine locale 7Tv, en allusion à la "Caravane de liberté" lancée dernièrement par l'opposant sénégalais depuis la ville de Ziguinchor (sud) dont il est maire, vers la capitale Dakar.
En l’absence d’une ordonnance d’un juge assignant à résidence Ousmane Sonko, une mesure administrative a été prise, a-t-il expliqué, ajoutant que "le maintien de l’ordre, c’est de maîtriser le facteur qui perturbe l’ordre". "L’Etat a le droit de prendre toute mesure administrative destinée à garantir l’ordre, la tranquillité et la salubrité publique", a fait noter le ministre dont les propos ont été repris par des médias locaux.
Le ministre a précisé dans ce cadre que «ce n’est pas une décision judiciaire d’assignation à résidence, mais une décision administrative dans le cadre de maintien de l’ordre, qui est contestable". "Si on considère que la mesure est excessive, on peut l’attaquer en justice", a déclaré M. Fall.
Ousmane Sonko a été ramené à son domicile le 28 mai dernier par les forces de l'ordre, alors qu'il conduisait une caravane avec ses partisans de la ville de Ziguinchor vers la capitale Dakar.
Il a été condamné le 1er juin par la chambre criminelle du tribunal de grande instance Dakar à deux ans de prison ferme pour "corruption de la justice", une peine, si elle est maintenue, menace son éligibilité pour l'élection présidentielle de février 2024.
Depuis février 2021, les Sénégalais vivent au rythme du feuilleton qui met en scène M. Sonko, l'un des chefs de file de l'opposition, une jeune employée d'un salon de massage qui l'accuse de l'avoir violée à cinq reprises, et un certain nombre d'autres acteurs, y compris du pouvoir.
M. Sonko a toujours réfuté les viols dont il est accusé. Il crie au complot ourdi par le pouvoir pour l'écarter de la présidentielle de 2024, à laquelle il est candidat et challenger sérieux du président sortant Macky Sall soupçonné de vouloir briguer un troisième mandat alors que la Constitution, affirme l’opposition le lui interdit.
Jeudi, il a été acquitté des accusations de viols mais condamné à deux ans de prison pour avoir poussé à la débauche une jeune de moins de 21 ans, un délit au Sénégal. Cette condamnation devrait signifier son inéligibilité.
Suite à cette condamnation, des manifestations violentes ont éclaté les 1er et 2 juin dans la capitale Dakar et à Ziguinchor, ayant fait 16 morts et des dégâts matériels importants, selon un bilan officiel. Bilan : 16 morts, 19 selon l’opposition, 23 à en croire Amnesty, 500 arrestations, et des centaines de blessés.