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Troisième nuit de violences, des centaines d’arrestations, Macron pour une répression ‘’sans tabou’’, l’ONU dénonce le racisme
La France face à son miroir brisé (Photo Denis Charlet / AFP)
Paris – Une troisième nuit de violences a jeté dans la rue de milliers de manifestants dans les périphéries des grandes agglomérations, notamment en région parisienne, que la mobilisation de 40 mille policiers et gendarmes soutenus par la logistique de l’armée, n’a pas dissuadés.
Une situation dangereuse qui menace la France d’embrasement et qui amène le quotidien français Libération à s’interroger sur ‘’comment peut-on mourir ainsi en France, abattu à bout portant par un policier après un possible refus d’obtempérer ?’’ en référence à la mort du jeune Nael, tué mardi par un tir policier lors d’un contrôle routier à Nanterre, près de Paris.
"Pire, ajoute le journal, comment peut-on mourir ainsi à 17 ans, laissant ses proches pleurer non pas une vie pleine de souvenirs mais plutôt une possibilité de vie, que l’on ne peut remplir qu’aux formes les plus cruelles de la conjugaison : Nael aurait pu, Nael aurait tellement aimé et autres Nael avait en lui", se demande l’éditorialiste.
La mort de cet adolescent au volant de sa voiture devient au fil du temps de plus en plus ''inexplicable et inexcusable'', remarque-t-on, évoquant un “désarroi bien compréhensible”.
L'ONU, dénonce implicitement le racisme en France, en demandant vendredi aux Français de se pencher sérieusement sur les problèmes de racisme et de discrimination raciale au sein de ses forces de l'ordre, trois jours après la mort d'un adolescent tué par un policier.
"C'est le moment pour le pays de s'attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale parmi les forces de l'ordre", a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, lors du point de presse régulier de l'ONU à Genève.
L’ambassade américaine à Paris a lancé, jeudi, une alerte sécuritaire à l’adresse de ses ressortissants en France, les appelant à faire preuve de vigilance.
"Depuis mardi, des violences ont lieu en région parisienne et dans d'autres grands centres urbains avec notamment des dégradations de biens privés et de bâtiments publics. Ces manifestations de protestation devraient se poursuivre et pourraient devenir violentes’’, écrit la représentation diplomatique américaine sur son site internet et ses comptes sur les réseaux sociaux.
L’ambassade appelle, à cet effet, les ressortissants américains à éviter les rassemblements de masse et les zones avec une importante présence policière.
Macron ‘’sans tabou’’
Face à ce risque d’embrasement, le président français, Emmanuel Macron, qui a dû écourter sa participation au sommet européen à Bruxelles, se dit prêt, "sans tabou", à faire évoluer le dispositif de sécurité, menaçant ainsi de plus de répression et de violences qui seront perpétrées sous le couvert de l'état d'urgence que l’on croit de plus en plus inévitable à Paris.
Déjà un total de 875 personnes ont été interpellées de jeudi à vendredi en France, dont 408 à Paris et sa proche banlieue, lors de cette troisième nuit consécutive de violences urbaines. Pour l’instant on ne donne pas de chiffres des blessés lors de ces affrontements, se contentant de déclarer qu’il n’y en aurait pas de graves. Le ministère de l'Intérieur, Gérard Darmanin s’est, lui, limité, à annoncer les blessés parmi les policiers et les gendarmes qui seraient au nombre de 249.
Au total, 492 bâtiments ont été atteints, 2.000 véhicules brûlés et 3.880 incendies de voie publique allumés la nuit dernière, selon les chiffres donnés par le président de la République Emmanuel Macron au début d’une réunion à Matignon sur la politique de la ville et des quartiers prioritaires.
Des affrontements entre jeunes en colère et forces de l’ordre ont éclaté mardi dans la soirée à Nanterre et les villes d’île de France après le drame avant de se propager dans tout le pays, rappelant les trois semaines d’émeutes urbaines de 2005, suite à la mort de deux jeunes à Clichy-Sous-Bois.
Lors de cette troisième “nuit de colère”, des affrontements d’une extrême violence ont touché toutes les régions de l’hexagone, selon les médias, alors que le policier auteur du tir mortel a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire.
Feux de poubelles, barricades, véhicules et bâtiments incendiés, commissariats attaqués, biens privés dégradés et pillages de commerces, entre autres, tel est le bilan de cette nouvelle nuit d’émeutes urbaines.
.Jeudi en fin d’après-midi, des violences ont éclaté au terme de la marche blanche et de “révolte” organisée en l’honneur de Nael, le jeune conducteur tué par le tir d’un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre, épicentre de ce mouvement de contestation.
En début de soirée, des tensions et des affrontements entre jeunes et forces de l’ordre ont éclaté dans d’autres agglomérations, jusqu’à lors épargnées, comme Marseille, Lille ou Lyon. Le gouvernement, redoutant un embrasement, a mobilisé 40.000 gendarmes et policiers partout en France pour veiller à la sécurité.
Plus tôt dans la journée, le président Emmanuel Macron a présidé au siège du ministère de l’Intérieur, une cellule interministérielle de crise pour faire un point de situation et "préparer les prochains jours". Le chef de l’État réunira à nouveau cette cellule de crise, ce vendredi matin, compte tenu de l’ampleur des violences de ce jeudi soir, selon les médias.
Face au risque de violences, plusieurs communes de région parisienne avaient proclame, en vain, des couvre-feux notamment à Clamart, Neuilly-sur-Marne et à Savigny-le-Temple, qui seront en vigueur jusqu'au lundi prochain.
En région parisienne, les autorités d'île de France ont décidé l’arrêt des bus et des tramways franciliens dès 21h ce jeudi soir, alors que l’ambassade américaine à Paris a lancé une alerte sécuritaire à l’adresse de ses ressortissants en France les appelant à la vigilance, suite à ces violences urbaines, alertant que les manifestations de protestation devraient se poursuivre et pourraient devenir violentes.