Erdogan fait actuellement figure de grand vainqueur de ce triste et dramatique ?pisode. Mais il ne fait qu?entrer dans l?auberge

Recep Tayyip Erdogan ne fait pas dans le d?taille ni dans la dentelle. Atour de 10 mille militaires, policiers et magistrats ont ?t? arr?t?s. Le corps de l?enseignement n?a pas ?t? ?pargn??: plus de 15 mille enseignants ont ?t? suspendus dont un millier et demi de recteurs qui ont ?t? invit?s ? d?missionner. L?entourage du premier ministre lui-m?me n?a pas ?t? ?pargn? par la r?vocation de 2 cents employ?s de son service. Entre arrestations et limogeages, on compte pour l?instant quelques soixante mille. Le reste ? l?avenant, avec l?Etat d?urgence ? la cl?. C?l?rit? et efficacit? ont ?t? la caract?ristique de cette op?ration. Ce long fichier ne peut ?tre le produit des enqu?tes post tentative de coup d?Etat. Il ?tait pr?t, les noms identifi?s, les adresses connus, il ne manquait que l?ordre d?aller les chercher. Il est tomb?, la main d?Erdogan n?a pas trembl?. Si bien que des observateurs des plus s?rieux se demandent si ce coup d?Etat n?est pas un faux, foment? par le pr?sident turc lui-m?me pour se d?barrasser de ses adversaires les plus irr?ductibles. C?est, bien s?r, le machiav?lisme pouss? ? son extr?me, mais il faut bien admettre que cette tentative maladroite de coup d?Etat et tomb?e comme une aubaine sur Erdogan qui r?ve sans s?en cacher d?un pouvoir pr?sidentiel sans partage.

Stoppons l? les conjectures qu?on n?a pas le ou les moyens de prouver. Le coup d?Etat a ?chou? et c?est tant mieux. Ce qui n?emp?che pas d?essayer de l?analyser sans se laisser ni influencer par les positions occidentales que l?on soup?onne d?y avoir ?t? favorables, attitude qui affaiblit la th?orie d?un Erdogan ??comploteur?? contre lui-m?me?; ni emballer par les sympathisants du pr?sident turc qui mettent l??chec du putsch ? l?actif du seul peuple qui a fait de son corps un barrage contre les chars de l?arm?e. Pas aussi nombreux pendant la tentative qu?apr?s son ?chec, les partisans de l?AKP qui n?ont de l?arm?e qui a dirig? le pays d?une main de fer depuis 1923 qu?un mauvais souvenir, ont jou? un r?le. Mais les putschistes ont ?chou? aussi et surtout parce que l?essentiel d?une arm?e qui est la huiti?me du monde en effectifs, ne les a pas suivis. Les chiffres le d?montrent?: sur pr?s de 800 mille soldats qu?elle compte, seuls quelques milliers, malgr? la boulimie d?Erdogan, ?sont mis en cause par le pouvoir islamiste.

Recep Tayyip Erdogan fait actuellement figure de grand vainqueur de ce triste et dramatique ?pisode. Mais il ne fait qu?entrer dans l?auberge. Il n?en sortira que si ses qualit?s intrins?ques prennent l?avantage sur ses d?fauts consubstantiels. Avec les purges, la fermeture de t?l?visions et de radios et la r?pression des journalistes, politique que m?me, ? en croire Akhbar Al-Youme, son ami et admirateur Abdalilah Benkirane d?sapprouve, ce n?est pas la voie qu?il s?emble emprunter. L?homme a une propension marqu?e pour l?autoritarisme qui cache mal sa volont? dissimul?e d??riger en Turquie une th?ocratie. Tout dans son comportement dans l?exercice du pouvoir l?indique. Pr?sident d?une r?publique parlementaire o? il a des pouvoirs limit?s, Erdogan s?accapare toutes les pr?rogatives du premier ministre. Lui-m?me, il y a encore pas longtemps premier ministre, il n?a laiss? ? son pr?d?cesseur ? la pr?sidence, Abdullah G?l, que peu d?espace pour s?exprimer. La constitution?? Il s?en moque ?perdument et veut la modifier pour assouvir ses app?tits. ?

*Inspir? du titre d?un article de Nadia Salah dans l?Economiste ? ?