En trois ans de gouvernement, Benkirane a appris deux nouveaux mots?: la raison d?Etat Le chef du gouvernement, Abdalilah Benkirane, dispose actuellement d?un discours rod? que le socialiste fran?ais Michel Rocard avait vulgaris? ? la fin des ann?es soixante-dix?: ??le parler-vrai??. Diff?rents dictionnaires s?accordent ? le qualifier de ??mani?re sinc?re et simple de s'exprimer, notamment dans le domaine politique?; authenticit?, franchise??. Il y a tout un d?bat sur cette d?finition, mais on va la prendre pour ce qu?elle est et croire que c?est une v?rit? et non pas un leurre. Chez Benkirane, cette propension ? la sinc?rit? peut prendre des accents churchilliens pour aller chercher dans les tripes du peuple ce qui lui ferait accepter de se nourrir de sang et de larmes. Et tant pis si dans l?opposition il ne lui promettait peut-?tre pas monts et merveilles, mais une vie moins difficile, un SMIG convenable et une retraite plus ou moins confortable. Il faut lui pardonner, il ne savait pas qu?entre vouloir et pouvoir, il y a la rivi?re de la r?alit? qui passe. Que ce soit en ?conomie, en social ou en diplomatie, il a d?sormais un cr?do?: entre voir les choses de l?opposition et les g?rer de l?int?rieur de l?Etat, il y a plus qu?une nuance, une sacr?e diff?rence. Quelle d?couverte (!!!) qu?il sert et ressert depuis un certain temps ? ses militants. C?est ainsi qu?il peut dire aujourd?hui, m?me si la francophonie n?est toujours pas sa tasse de th?, que la France est un pays ami. C?est ainsi encore qu?il peut justifier sa rencontre avec le pr?sident ?gyptien, le honni d?hier, Abdelfattah Essissi. L?int?r?t sup?rieur du pays vaut bien une messe chez les descendants d?Akhenaton et de N?fertiti. En un mot, mais en trois ans de gouvernement, il a appris deux nouveaux mots?: la raison d?Etat. Dans ce grand exercice d?humilit?, il a un ressort majeur, son d?sint?ressement. ??Si je vous plais ainsi, tant mieux, sinon qu?adviendra t-il dans le Royaume de Dieu???? Poussi?re il a ?t?, poussi?re il reviendra, on meurt tous toujours un jour. En esp?rant apr?s une longue vie. Toute la duplicit? du parler-vrai est l?, faire croire qu?on dit perp?tuellement ce qu?on a sur le c?ur et qu?on livre constamment ce qu?on pense dans la t?te. Excusez le pl?onasme. Ses rapports avec le roi s?inscrivent aussi dans cette mixture de vrai-faux et faux-vrai. Que dit Benkirane de l?opposition tout en essayant de la mettre justement?en opposition avec le souverain ? ??Elle travaille ? ma popularit?, m?me lorsqu?elle avance que le chef du gouvernement s?est d?sist? de ses pr?rogatives au b?n?fice du roi??. Ce qui ne le d?range absolument pas puisque lui comme l?opposition ??savent que c?est le souverain qui dirige le pays et non pas Benkirane??, lequel ne veut pas par ailleurs ??rivaliser avec le souverain?? rien que pour gagner le titre de ?za?m?. Sage v?rit? ? prendre avec des gants. Ne sous-entend-il pas aussi que tout ce qui ne plait pas aux Marocains dans ce qu?il fait c?est le roi?? Peu importe o? se situe la sournoiserie, on ne comprendra rien ? Benkirane si on ne retient pas que son improvisation est pr?par?e, sa spontan?it? r?fl?chie et ses emportements calcul?s.