Monsieur le chef du gouvernement, j?ai pour vous deux nouvelles, une mauvaise et une mauvaise.

La mauvaise est que l?actrice marocaine Loubna Abidar, vous vous en souvenez, celle qui a jou? le r?le d?une prostitu?e dans le film ??Much Loved?? de Nabil Ayouch et dont votre ministre de la communication et porte-parole a fait une ic?ne gr?ce ou ? cause de son addiction ? la censure, est nomin?e au C?sar de la meilleure actrice pour ce long-m?trage. Peu de chances qu?Abidar obtienne ce prix, sauf si le jury tient absolument ? emme?. le Maroc, mais elle va pouvoir pour la post?rit? de la censure poser aux cot?s de grands noms du cin?ma fran?ais nomin?es comme elle. Je ne sais pas si vous en avez une id?e ou s?il vous est d?j? arriv? de voir un film en dehors de Foutouhate arrassoule (Les conqu?tes de proph?te), mais il s?agit de mastodontes de la stature de Catherine Deneuve, C?cile de France, Catherine Frot et Isabelle Huppert. Si elle n?arrive pas ? les coiffer au poteau, elle est au moins s?re d?avoir de la bonne compagnie en enfer. Je sais, vous n?en avez cure, du moment que vous et votre ministre de la communication vous avez tir? avec cette censure le ticket gagnant pour les soixante-dix vierges du paradis. Mais faites un effort et preuve d?un brin d?humilit? d?imaginer avec moi les effets de cette nomination sur l?image du Maroc et les cons?quences de l?acte de votre ministre, que j?ose qualifier de stupide, l?acte pas le ministre, sur la carri?re de l?actrice. Cette jeune m?re que je crois souffrir d?une certaine forme d?instabilit?, d?j? laur?ate en ao?t 2015?du prix le Valois de la meilleure com?dienne ? Angoul?me, est d?cid?e ? continuer ? faire des ?films engag?s?, vous imaginez lesquels, et ?devenir une porte-parole pour d?fendre la condition de la femme arabe, marocaine, syrienne, libanaise? Je ne sais pas si c?est votre cas, mais moi j?ai comme la vague impression, Monsieur le chef du gouvernement, qu?elle va nous pourrir la vie. Enfin, n?exag?rons rien, vous plus que moi.

La mauvaise nouvelle, celle-ci je vous la ferai plus courte, est que j?ai le sentiment que ces derniers jours votre discours plein d?humour, franc et direct, est en train d??puiser ses charmes. Je ne vous parlerai pas des ?tudiants en m?decine qui ont contraint votre gouvernement au r?trop?dalage. Ni de votre pr?jug? sur la suppos?e radinerie des Soussis qui a fait des d?g?ts au Souss jusqu?? Massa, votre allusion partait d?une bonne intention. Ni du tabassage, dont au fond vous n??tes pas responsable, des enseignants stagiaires qui, entre vous et moi, le m?ritaient. Mais de votre discours au parlement les concernant. J?ai ?t? ? cent pour cent avec vous?: Oui, l?Etat est dans l?obligation de former tous les Marocains, mais pas de les engager tous dans la fonction publique, surtout qu?avec les enseignants, une fois le salaire en poche, ils d?sertent les cours pour arrondir leurs fins de mois chez le priv?. L?Etat employeur, ce n?est pas possible. Mais voil?, patatras?! Une fois peut devenir coutume, votre parler-vrai n?a pas op?r?. Ils ont tenu, vous avez recul??! A force de tirer sur la corde?, tant va la cruche ? l?eau etc. etc. ?