Des grâces royales pas comme les autres

5437685854_d630fceaff_b-

Un cultivateur de cannabis dans son champ à Azila, au Maroc, 16 septembre 2022. Photo Fadel SENNA / AFP

1
Partager :

Une évidence : les deux dernières grâces royales, l’une accordée à l’occasion de la fête du Trône, l’autre à l’occasion de la commémoration de la Révolution du Roi et du Peuple, sortent des grâces traditionnelles qui voient ce pouvoir s’exercer au profit de détenus de droit commun. 

Si la première a permis de sortir de prison des journalistes, soulageant ainsi tout un corps professionnel partagé entre la solidarité avec des confrères et l’exigence d’une justice égale pour tous en soutien à ceux que précisément cette justice a considéré comme des victimes, la seconde grâce a touché une région en train de sortir de décennies de cultures prohibées pour retrouver la liberté de s’adonner à une économie qui a enfin trouver la voie d’être exercée dans la légalité.

La grâce royale du 20 août 2024 a permis à environ 5 000 cultivateurs illégaux de cannabis de retrouver leur liberté de mouvement et fort probablement de rejoindre les rangs de ceux qui déjà contribuent à la production légale du cannabis à des fins médicamenteux.  Dire que cette grâce contribue grandement à détendre l’atmosphère au sein d’une région qui vivait sous des tensions sociales exacerbées par des manipulations et des récupérations politiques, est un euphémisme. Elle ne pouvait qu’être bien accueillie, explique nombre de ses habitants.  Selon l’un d’eux, « pour la première fois, des milliers de citoyens marocains pourront non seulement contribuer légalement à la production et recevoir une compensation équitable pour cette contribution, mais ils pourront également réaliser un souhait simple : descendre de la montagne sans crainte. » Ce qui est, il faut le dire, pas mince 

Bien sûr, les rumeurs selon lesquelles la grâce inclurait également les détenus du mouvement de protestation du Rif ainsi que les Rifains de la diaspora marocaine à l'étranger, ne s’est pas vérifiée, et certains en conçoivent de la déception. Mais ce n’est probablement que partie remise à une prochaine échéance. 

Selon nos sources dans la région, « l'impact socio-économique de la grâce royale accordée à des milliers d'agriculteurs est plus important que celui d'une amnistie pour quelques détenus en lien avec le mouvement de protestation. Celle-ci est toutefois de nature à embellir totalement le paysage ».  Ces mêmes sources estiment que pour qu’elle advienne, il serait utile que gauchistes et islamistes cessent  de manipuler ce dossier à des fins politiciennes qui n’ont rien à voir avec les intérêts des détenus et plus globalement de la région.

lire aussi