Si El Omari a accueilli avec faveur la nomination de Saadeddine El Othmani à la tête du nouveau gouvernement, l’entente cordiale entre les deux dirigeants ne semble plus tenir bon. Ilyass El Omari affirme avoir été convoqué par El Othmani pour lui demander de convaincre les élus du PAM de voter en faveur du programme gouvernemental. Le chef de gouvernement dément, lui, de son côté catégoriquement ces allégations.

Entre El Othmani et le secrétaire général du PAM, l’orage gronde. Jeudi 13 avril, le chef de l’exécutif reçoit les leaders des groupes parlementaires au parlement. El Omari prend à son tour part à cette rencontre qui avait comme but principal de débattre du programme gouvernemental et de la Loi de finances.

Lors d’une rencontre de la session féminine du PAM, El Omari fait une déclaration qui risque de tout bouleverser. Celui-ci rapporte qu’El Othmani l’a exhorté à convaincre les députés de son parti à voter en faveur du programme gouvernemental. Dimanche 23 avril, le journaliste et éditorialiste Bilal Talidi rebondit sur cette affaire en publiant sur son compte Facebook « comment ne pas aborder le sujet au moment où le secrétaire général du PAM humilie le PJD et le chef du gouvernement, en affirmant lors d’une rencontre en interne, tenue samedi, que Saâdeddine El Othmani lui a demandé de faciliter le vote pour faire passer le projet de Loi de finance du parlement».  

Mustapha Baba, l’ancien chef de la jeunesse du PJD, a été, lui, parmi les premiers à réagir à la publication de Talidi. « J’ai beaucoup de mal en lisant le statut de Bilal Talidi où il fustige le docteur Saâdeddine El Othmani en se basant sur les déclarations d’Ilyas El Omari», commente-t-il, avant de démentir les propos d’El Omari. « Le chef de gouvernement m’a dit qu’il n’a pas envoyé d’invitation au secrétaire général du PAM mais qu’il a invité les présidents des groupes parlementaires. Il a aussi dit n’avoir exhorté personne pour voter en faveur des deux textes », affirme Baba, après avoir appelé personnellement El Othmani.

Le PAM va aussitôt, le lundi 24 avril, rétorquer de manière officielle en relayant sur le site officiel du parti un communiqué pour « éclairer l’opinion publique ». En premier lieu, le PAM souligne que les propos d’un des militants du PJD ne peuvent pas être considérés comme une réponse de la part du chef de gouvernement. «Le chef du gouvernement devait publier un communiqué pour éclaircir l’opinion publique et non pas recourir à des démentis par procuration», note le communiqué.

Le parti du « tracteur » campe toujours sur ses positions en affirmant que « le secrétariat du gouvernement a contacté le secrétaire général pour l’inviter à 10h mais la rencontre a été reportée jusqu’à 11h suite à une demande d’Ilyas El Omari ». Le PAM n’y va pas de main morte et critique virulemment l’exécutif. « Ce qui a été promu par le chef de gouvernement et communiqué par ceux ayant choisi de parler en son nom, est faux et trompeur marquant ainsi la voie du nouveau-ancien gouvernement. Cela n’est pas un bon signe, tout comme le pseudo programme gouvernemental présenté la semaine dernière devant les parlementaires», peut-on lire dans le communiqué.

Le PAM ne se déduira pas et maintiendra ainsi toujours ses positions, la députée pamiste, Zohour El Wahabi, est allée jusqu’à consolider ouvertement les propos du secrétaire général de son parti, lors de son intervention au cours des débats relatifs au programme du gouvernement au parlement le lundi 24 avril.

Le répit courtois entre le PJD et le PAM n’aura ainsi duré que quelques semaines, une crise, latente pour le moment, semblerait avoir éclaté d’ores et déjà entre le gouvernement et l’opposition. En réponse à cette polémique, le secrétariat du gouvernement a souligné dans un communiqué que « le chef de gouvernement n’a pas exhorté, en marge de ces rencontres, les présidents des groupes parlementaires à voter pour ou contre les deux textes. Les rencontres s’inscrivent dans le cadre du processus de communication et de consultation avec les partis de la majorité et de l’opposition », sans vraiment commenter les propos tenus par le PAM. Face à ces remous, El Othmani a, lui, préféré garder le silence.

Ces échanges tendus marquent, néanmoins, le début de la saison parlementaire après 6 mois de blocage. Les échauffements commencent, le PAM dans l’opposition, le PJD à la tête de la majorité, et qui disait que sans Benkirane il n’y aurait plus de spectacle ?