L’approche de l’isolement du Maroc pour obtenir des concessions ”sur le Sahara a échoué depuis longtemps. Elle devrait opérer une mise à jour stratégique qui veut que l’Algérie utilise l’intégration économique maghrébine comme un moteur de règlement du conflit […] et non comme un moyen de pression par son éternel report”

Dans un long article, le journal algérien El Watan saisit « le choix d’Alger de ne pas recevoir Angela Merkel pour cause d’incapacité présidentielle à la rencontrer » pour évoquer « la myopie stratégique [d’Alger] qui laisse sans voix ».

El Watan consacre une grande partie de son article à l’excédent astronomique de sa balance commerciale en faveur de l’Allemagne (8 milliards de dollars), et souligne qu’il n’y « avait vraiment pas de quoi reporter ce voyage de la dame la plus courue de la planète » et prend « le risque de parier qu’il n’y aura plus jamais aucune rencontre Bouteflika-Merkel. Parce que le déficit algérien aura été comblé ? Parce que Merkel va être battue par le social-démocrate Shultz aux prochaines élections ? Ou parce que Bouteflika ne sera plus là quand Merkel reviendra un jour à Alger ? ».

« L’autre événement de la semaine économique » qui focalise l’intérêt du journal est, écrit-il « lié au premier. C’est même son reflet instantané. L’Algérie reporte l’UMA. Le Maroc va voir ailleurs. La demande officielle du Maroc pour intégrer la CEDEAO, pour El Watan est un séisme de géopolitique. »

Plus loin il précise que « ce qui vient de se produire claque comme une menace d’isolement renversé de l’Algérie. C’est elle qui pensait confiner le Maroc en maintenant sa frontière terrestre fermée. C’est elle qui se retrouve enfermée alors que le Maroc a développé pour ses entreprises (et donc pour sa diplomatie) un hinterland africain qui retentit comme un salut, à l’heure où la croissance quasi-nulle est devenue une ADN européenne. »

El Watan ajoute que « l’approche de l’isolement du Maroc pour obtenir des concessions sur le respect du plan de règlement onusien au Sahara occidental (référendum d’autodétermination, NDLR) a échoué depuis longtemps. Elle devrait opérer une mise à jour stratégique qui veut que l’Algérie utilise l’intégration économique maghrébine comme un moteur de règlement du conflit au Sahara occidental et non comme un moyen de pression par son éternel report. » Et conclut : « Qui à Alger pour opérer cette mise à jour? Abdelaziz Bouteflika ? Il incarne, à son corps défendant, l’immobilité parfaite de la pensée et de l’action, qui fait que l’Algérie renvoie Merkel dans son avion et le Maroc vers la lointaine Afrique de l’Ouest. »