chroniques
Rentrée scolaire : Des décisions erronées
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Tous les parents d’élèves guettaient, dans l’inquiétude et la confusion, la voie qu’allait prendre le ministère de l’Education nationale pour gérer au mieux la rentrée scolaire dans un environnement où aucune des options plausibles n’est sans comporter ses propres défis. L’enseignement à distance, tenant compte de nos faiblesses dans le numérique, pose un problème de qualité et d’efficacité, tandis que l’enseignement présentiel implique le risque d’une forte contribution à la propagation de l’épidémie.
Le communiqué du ministère de l’Education nationale, publié dimanche, n’a fait qu’ajouter à la complexité de la situation. D’entre les expériences à l’échelle internationale, le département de Saïd Amzazi a choisi une solution hybride. Il a mixé le présentiel et le distanciel mais dans une déclinaison « originale » différente de ce qui se fait dans les pays qui ont opté pour l’alternance qui a l’avantage d’assurer l’égalité de tous dans le système de formation. L’alternance, telle qu’elle a été conçue ailleurs, est basée sur le partage d’une classe en deux groupes soumis chacun à une rotation hebdomadaire sur l’une et l’autre des deux modèle de manière que chacun des deux groupes aura sa part de présentiel et de distanciel.
Le ministère de l’Education nationale marocain a préféré, lui, céder aux parents d’élèves le choix de la formule à suivre, soumis à un engagement écrit, se dégageant ainsi de toute responsabilité en cas de contamination des élèves.
Sauf que ce choix induit un problème à la fois constitutionnel, éthique et sanitaire.
Constitutionnellement il tente le contournement du principe de l’égalité dans l’enseignement en entamant l’unicité que lui confère le présentiel pour tous. Le département de l’Education nationale a ainsi annihilé ce principe en abandonnant aux parents d’élèves, dont ce n’est pas la compétence, le choix de la voie à suivre.
En fait, on n’est même pas en présence d’un choix. Car celui-ci est nul et non avenu dès lors qu’il est l’émanation de la contrainte et de l’obligation. Le tuteur appelé à décider de cette manière est invité à se prononcer entre le pire et le pire. Qu’il choisisse le présentiel et il n’est pas sûr de ne pas mettre ainsi sa santé et celle de sa famille en danger. Qu’il opte pour le distanciel et il n’est pas certain que cette préférence n’hypothèque pas l’avenir de sa progéniture. Sans oublier que si la tutelle de l’éducation nationale a donné ce choix aux enseignés, elle zappe en revanche totalement les enseignants de ces considérations, alors que le risque épidémiologique est le même pour tous.
Mais si le ministère accorde à ceux qui le voudraient l’avantage de l’enseignement présentiel, il exige d’eux, en contrepartie, de jouer la santé et la vie des leurs à la roulette russe. Et sauf à estimer qu’il ne revient pas au gouvernement qui dispose, contrairement aux parents, de toutes les données de la situation, d’assumer, au-delà de toutes les autres considérations, son entière responsabilité, force est de constater qu’il se débine.
Au vu de cette démarche biaisée, il apparait clairement que le gouvernement a pris le parti non seulement de s’auto-déresponsabiliser, mais aussi de miser sur une réduction « volontaire » significative des effectifs scolaires, sans qu’il ait à le dire et sans vraiment savoir s’il va gagner son un pari, ou si au contraire, en dépit des prévisions et des craintes, les élèves se rendront en classe en grand nombre. Ou encore que la formule mixte finalement adoptée aboutisse à un échec à cause d’une très faible propension à l’enseignement présentiel. Mais il se peut aussi que l’adoption de ce modèle ne soit en définitive qu’une façon, peu gracieuse, de ne pas se retrouver, comme l’année précédente, devant les problèmes soulevés par les parents d’élèves du secteur privé qui pour sa part souhaitait une rentrée entièrement en présentiel.
Quelles que soient les raisons, Il aurait été plus sage et plus sûr que le gouvernement prenne une décision sans équivoque sur le modèle à suivre selon l’évolution épidémiologique et suivant la situation propre à chaque région. Qu’il prenne sur lui la difficulté d’inter-réagir en temps réel avec les développements des évènements. De même qu’il serait mieux inspiré de carrément renoncer aux examens de la première année du baccalauréat et de ne tenir compte que des notes obtenues en classes avant le confinement. Cette solution est d’autant plus facile qu’elle est aux trois-quarts accomplie, cet examen ne comptant que pour 25% de l’ensemble des notes en terminale.