Moussem d'Assilah : Mohamed Brini, vétéran de la presse marocaine, à l’honneur

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« Brini, une forte personnalité basée sur la culture du Sud-est du Maroc, équilibré dans ses prises de position et son approche des faits, connu pour la constance de ses positions et son attachement à ses principes, et imprégné d’une culture démocratique, du sens du dialogue, du bon partage des idées, et du choix du moment propice pour les exprimer » (Khalil Hachimi Idrissi)

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Assilah - Le 42ème Moussem culturel international d’Assilah a célébré, jeudi dans le cadre de l’ouverture de l’espace de la "Tente de Créativité", le parcours de M. Mohamed Brini, pionnier de la presse partisane et indépendante, et un des journalistes qui ont transformé la scène médiatique marocaine.

Mohamed Benaissa, secrétaire général de la Fondation du Forum d'Assilah, organisatrice du Mousse, a indiqué que l’ouverture de l’espace de la “Tente de Créativité” au titre de l’année 2021 a été consacrée à rendre hommage à Mohamed Brini, un des acteurs qui ont innové dans le domaine de la presse et des médias, qui est connu pour ses prises de position indépendantes, sa rigueur professionnelle et ses opinions courageuses, expliquant que ce choix a été dicté par des considérations objectives allant au-delà de la personne, qui mérite d'être reconnue pour son éthique et ses qualités humaines, afin de rendre hommage également à toute la famille et les symboles de la presse et des médias au Maroc, pilier nécessaire de tout développement social.

Exercer le journalisme, dans son sens général, implique pour Mohamed Brini une responsabilité éthique et une complémentarité au message éducatif, a précisé M. Benaissa, estimant que l'expérience de M. Birini est unique dans l'histoire de la presse marocaine, puisqu’il s’est appuyé sur ses compétences intrinsèques, en prenant en compte les succès et les échecs de ceux qui l'ont précédé dans la presse partisane, où les prises de position et la loyauté envers le parti entrent parfois en contradiction avec la conscience professionnelle, et le journaliste hésite entre satisfaire le lecteur et dévoiler les faits, et défendre, voire dissimuler la position de l'institution partisane.

Le Directeur général de l'Agence Marocaine de Presse (MAP), M. Khalil Hachimi Idrissi, a fait savoir, dans une intervention intitulée “Mohamed Brini, le cadre commun”, que M. Brini a une forte personnalité basée sur la culture du Sud-est du Maroc, équilibré dans ses prises de position et son approche des faits, connu pour la constance de ses positions et son attachement à ses principes, et imprégné d’une culture démocratique, du sens du dialogue, du bon partage des idées, et du choix du moment propice pour les exprimer.

M. Hachimi Idrissi a souligné que Mohamed Brini est un militant socialiste, de gauche, avec une pensée progressiste qu’il exprime d’une manière ouverte, précisant qu’il était indépendant intellectuellement et discipliné sur le plan partisan, dans un cadre progressiste.

Néanmoins, le journaliste professionnel a pris le pas sur le militant partisan dans le cas de Mohamed Brini, a poursuivi M. Hachimi Idrissi, notant que cela l’a poussé à quitter la presse partisane pour se lancer dans une expérience non moins risquée, à savoir la presse indépendante, à travers la création du journal “Al Ahdath Al-Maghribia”.

M. Brini a réussi à relever les défis de la presse indépendante (ligne éditoriale, ventes, revenus...), a estimé M. Hachimi Idrissi, évoquant également les efforts du journaliste, aux côtés d’un nombre d’éditeurs et de responsables des journaux nationaux, dans la structuration du secteur de la presse et des médias, où il a consenti un effort considérable et inoubliable, croyant en la réalisation progressive des acquis et en la construction d’une confiance mutuelle.

Le modèle marocain dans l’encadrement de la profession a été unique et réussi, permettant d’atteindre le leadership du Maroc sur les plans régional et continental en la matière, a relevé M. Hachimi Idrissi.

Journaliste, écrivain et ancien ministre de la Culture et de la Communication, Mohamed Achaari Voit, lui, dans l’humanisme inspiré par l’environnement du Sud de M. Brini un inséparable qui ne l’a jamias quitté même lorsqu’il militait dans la métropole de Casablanca, ajoutant qu’il se démarque par une loyauté sans faille envers ses idées politiques et ses amitiés, ainsi que son style calme dans le dialogue et le travail d’équipe.

Dans le contexte du choc entre la presse en tant que structure moderne et la politique en tant que structure traditionnelle, l'expérience de M. Brini s’est révélée comme une forme de résistance d’une génération de journalistes pour construire une presse solide sur une base fragile, a indiqué M. Achaari.

Au Maroc, nous disposons d’un grand nombre de journalistes qui étonnent par leur passion, mais nous manquons de supports médiatiques de référence qui se transforment avec le temps en véritables écoles, qui ne transmettent pas uniquement les règles de la profession, mais également les normes éthiques y afférentes, a-t-il ajouté, citant l'expérience de M. Brini dans le grand projet de modernisation des aspects techniques, du contenu, de l’approche, du discours, des méthodes de travail, de la gestion, de la diversification de l’offre et de la concurrence au niveau du marché de la presse.

Par ailleurs, le président de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ), Noureddine Miftah, a fait savoir qu’en plus d’être à la tête d’un changement unique dans la presse marocaine, M. Brini était “la conscience” de la fédération, qui a contribué à plusieurs chantiers fondateurs et structurants du secteur, tout en ayant un rôle dans l’élaboration des règlements et législations auxquels la fédération a participé, estimant qu'il faut s'inspirer de ses valeurs et de son expérience pour relever les défis auxquels la presse est confrontée à l'heure actuelle, à la lumière du recul du taux de lecture et de l'impact de la révolution technologique sur les modes de communication.

Le journaliste et ancien directeur général de Sapress, Mohamed Berrada, a noté, quant à lui, que M. Brini s’est illustré, tout au long de son parcours professionnel, par le fait de relever les défis avec l’audace d’une personne attachée aux constantes de la Nation, précisant que le journaliste s’est lancé, avec force, sérieux, loyauté et crédibilité, dans l’aventure de la presse professionnelle, au détriment de la presse partisane, aidé en cela par son expertise et sa sagesse.

De son côté, le directeur de l’Institut supérieur de l’information et de la communication (ISIC), M. Abdellatif Bensfia, a fait savoir que M. Brini est leader des luttes médiatiques, puisqu’il a relevé le défi de passer de professeur à journaliste, de l'écriture en français à l’arabe, et de la presse partisane à la presse indépendante, tout en gardant son style pédagogique et son engagement partisan, afin de mener à bien son rôle de militant et sa mission en tant que journaliste professionnel, saluant son parcours au profit de l’indépendance de la presse, en lançant un projet médiatique privé avec un esprit militant et une approche professionnelle qui privilégie l’information et la liberté de la presse.

Né en 1943 à Zagora, Mohamed Brini était professeur de littérature française avant de se lancer dans le journalisme en rejoignant le quotidien “Al Moharrir” en 1974, puis “Al Ittihad Al Ichtiraki” où il a occupé le poste de rédacteur en chef de 1983 à 1995.

Il a ensuite créé, en 1998, le journal “Al Ahdath Al-Maghribia”, dans lequel il est resté jusqu’à 2014.

L’hommage rendu à Mohamed Brini se poursuivra avec la présentation d’un ouvrage retraçant son parcours et publié par la Fondation du Forum d’Assilah, en plus de la tenue de deux sessions autour des thèmes “Mohamed Brini: la presse partisane à la lumière de l’expérience de la direction du journal Al Ittihad Al Ichtiraki” et “La presse indépendante: cas du journal Al Ahdath Al-Maghribia”, avec la participation de nombre de journalistes, de professionnels des médias et d’écrivains qui ont côtoyé M. Brini durant son parcours professionnel et son expérience humaine.