société
Comme le citoyen, le livre arabe a du mal à franchir les frontières
Les fronti?res qui d?limitent les pays arabes ont souvent tout autant infranchissables pour leurs citoyens que pour leurs livres et leur production litt?raire. Ce constat amer du libraire genevois d'origine syro-libanaise, Alain Bittar, est ? la base ? son sens de toute la probl?matique de l'?dition et de la circulation du livre dans le monde arabe.
Dans les couloirs du pavillon des cultures arabes au Salon du livre de Gen?ve (30 avril-04 mai), M. Bittar se "rend utile" ? longueur de journ?e pour la nombreuse communaut? arabophone, mais aussi d'?trangers passionn?s et de chercheurs avides de nouveaut?s.
Il d?plore qu'aucune structure culturelle r?gionale "ne soit encore l? pour un meilleur acc?s aux cr?ations des auteurs de la r?gion". "Le livre circule tr?s peu entre nos pays et les tirages y sont donc tr?s faibles, en moyenne? entre 500 ? 3.000 exemplaires ? peine, g?n?ralement tr?s chers par rapport au? niveau de vie des gens", explique-t-il.
Pour Lotfi Riahi, pr?sident de l'Association tunisienne de d?veloppement des industries culturelles, le secteur de l'?dition traverse des moments difficiles? tant le public a tendance ? abandonner la lecture et les oeuvres ?crites en faveur de l'internet et des r?seaux sociaux.
"L'industrie du livre demeure co?teuse dans les Etats maghr?bins par exemple. D'o? il est plus que jamais temps pour les gouvernements de faire plus? pour la subvention des ?diteurs et une meilleure diffusion de la production? culturelle", a d?clar? M. Riahi qui supervise le stand tunisien au Salon de Gen?ve.
En Tunisie, pr?cise-t-il, l'aide ?tatique aux Maisons d'?dition se limite au remboursement de 30 pc des frais de transport ? l'international, "d'o? il? est difficile, selon lui, de maintenir une pr?sence r?guli?re dans les plus? grands salons internationaux faute de moyens et d'incitations".
Tel n'est visiblement pas le cas pour les ?diteurs repr?sent?s au 28?me? salon de l'?dition de Gen?ve o?, pour la premi?re fois, tout un pavillon a ?t?? d?di? aux cultures et aux cr?ations issues du monde arabe.
"C'est une v?ritable r?ussite pour cette premi?re exp?rience", affirme? l'animateur culturel franco-marocain Younes Ajarrai, indiquant que personne ne? s'attendait ? ce qu'on puisse avoir une surface de 600 m2 incluant une? librairie de 200 m2 et un espace pour conf?rences-d?bat qui ne d?semplit pas.
Il a relev? "la qualit?" des ?crivains et intellectuels invit?s avec un dosage subtile entre auteurs de renom et jeunes plumes. "Ce mixage s'est op?r?? ? merveille avec une r?flexion litt?raire, mais aussi autour des questions politiques et sociales de l'heure dans la r?gion arabe", a-t-il dit.
A c?t? du pavillon des cultures arabes, se dresse le stand marocain o? sont expos?es les plus r?centes publications de huit Maisons d'?dition, repr?sent?es sur place par "La crois?e des chemins" et "Marsam".
"Notre participation est r?guli?re depuis cinq ans, un rendez-vous habituel avec le public genevois", souligne le directeur des ?ditions Marsam, Rachid Chraibi, indiquant que les ?diteurs marocains mettent ? profit la? pr?sence d'une grande librairie arabe pour faire conna?tre au mieux les publications nationales.
Aux yeux de l'?diteur casablancais Abdelkader Retnani, pr?sent lui-aussi au Salon de Gen?ve, le livre marocain est de plus en plus visible dans les rendez-vous internationaux qui offrent un cadre ad?quat pour l'?change et le? contact entre intellectuels, Maisons d'?dition et public.
"Nous avons la chance cette ann?e d'?tre en face d'un grand pavillon d?di? aux cultures arabes o? les ouvrages de nos auteurs sont pr?sents en force", a? dit en substance M. Retnani qui a pris part vendredi ? un d?bat passionn? sur la sant? et les perspectives du secteur de l'?dition dans la r?gion arabe.
Le Salon de Gen?ve qui a ferm? ses portes dimanche a ?t? marqu? par une? fr?quentation record de 95.000 visiteurs venus arpenter les avenues litt?raires? de la prestigieuse exposition Palexpo.