Brésil : 20 ans après sa diffusion, une série TV continue de faire parler d'elle et du Maroc

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Scène de la telenovela brésilienne O Clon tournée au Maroc

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Par Khalid ATTOUBATA (MAP)

Cinq villes du Maroc, où les acteurs et l'équipe ont travaillé pendant 40 jours, ont accueilli le tournage : la kasbah Ait Ben Hadou à Ouarzazate, la médina de Marrakech, la citerne portugaise d'El Jadida et la médina de Fès. Environ 700 pièces de costumes ont été achetées au Maroc, gandouras, djellabas, kaftans, paires de babouches…

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Scène de la telenovela brésilienne O Clon tournée au Maroc


Brasilia – 20 ans après sa diffusion, l’emblématique série télévisée O Clone, tournée au Maroc, continue de faire parler d’elle, mais aussi de la culture marocaine et des ingrédients ayant assuré un succès retentissant de ce patrimoine télévisuel qui se transmet d’une génération à l’autre.

Au Brésil, pays où la féconde production télévisuelle est connue à l’échelle mondiale, difficile d’échapper, en tant que marocain, à cette discussion nostalgique sur cette "Telenovela", comme sont appelés en portugais les feuilletons généralement traités comme des "œuvres ouvertes", car leur intrigue peut être modifiée pour répondre aux réactions du public.

Les Brésiliens retiennent toujours les moindres détails, les principaux rebondissements et les scènes mémorables, mais aussi les noms marocains donnés aux héros de ce feuilleton.

Produit par TV Globo et diffusée pour la première fois entre le 1er octobre 2001 et le 15 juin 2002 en 221 épisodes, O Clone (le clone) a été écrit par Glória Perez, réalisé par Teresa Lampreia et Marcelo Travesso et interprété notamment par les acteurs Carla Diaz (Khadija Rachid), Dalton Vigh (Rachid) Giovanna Antonelli (Jade El Adib), Juca de Oliveira (Dr Augusto Albieri), Éliane Giardini (Nazira Rachid), Vera Fischer (Yvete Simas) et Stênio Garcia (Ali El Adib). Tous deviendront, grâce à ce feuilleton, des valeurs sures du petit écran brésilien.

O Clone, en rediffusion depuis le 4 octobre sur TV Globo, relate l’histoire d’un jeune homme, secrètement cloné par son parrain scientifique, qui tombe amoureux d'une jeune marocaine issue d'une famille conservatrice. La rencontre d'un homme avec son clone de 20 ans de moins constitue le pilier du synopsis de cette série.

Dans un récent entretien avec le site d’information UOL, Dalton Vigh a expliqué qu’"en plus du facteur nostalgique qu'offrent les rediffusions en tant que portraits de l'époque, elles transportent le public dans un voyage dans le passé, au temps de la simplicité du langage. Le public préfère toujours l'ancien modèle de réalisation, par habitude, ou peut-être par effet nostalgique".

Le clone, casting, diffusions .... - Télé-Loisirs
Scène de la telenovela brésilienne O Clon tournée au Maroc

L'histoire d'amour qui guide l'intrigue d'O Clone commence dans les années 1980, lorsque Lucas (Murilo Benício) rencontre Jade (Giovanna Antonelli) au Maroc. La fille est musulmane et est née et a grandi au Brésil. En raison du décès de sa mère, Salwa (Walderez de Barros), Jade doit aller vivre avec son oncle, Ali (Stênio Garcia). Sidi Ali, comme l'appellent ses employés, suit strictement les coutumes islamiques et n'accepte pas l'union de Jade et Lucas.

Lucas a un frère jumeau, Diogo (Murilo Benício), dont la ressemblance avec lui se résume à son apparence physique. Si l'amant de Jade est introspectif, Diogo est considéré comme le plus apte à succéder à son père, Leônidas (Reginaldo Faria), dans son entreprise. Au désespoir de la famille, Diogo subit un accident d'hélicoptère et meurt dans les premiers chapitres de la série. Sa mort fait éclater la famille et frustre les plans de Lucas qui, face au drame, revient sur sa décision de fuir avec Jade.

Secoué par la mort de son filleul, le scientifique Albieri (Juca de Oliveira) décide de cloner l'autre jumeau, Lucas, afin de ramener Diogo et réaliser un rêve : être le premier à cloner un être humain. Sans que personne ne soit au courant de l'expérience, Albieri utilise les cellules de Lucas dans la formation de l'embryon que portera Deusa (Adriana Lessa), qui pense qu'elle procède à une insémination artificielle ordinaire.

Près de 20 ans plus tard, Lucas est marié à Maysa (Daniela Escobar) et ils ont une fille, Mel (Débora Falabella). Il a renoncé à ses rêves pour s'occuper de l'entreprise de son père. Jade a également eu une fille avec Saïd, Khadija (Carla Diaz). Elle et Lucas se retrouvent à Rio de Janeiro et leur vieil amour renaît. Les deux font à nouveau des plans et font face à de nouveaux obstacles jusqu'à ce qu'ils parviennent à se retrouver ensemble.

Le clone Leandro, Léo, vit avec sa mère et sa grand-mère, Dona Mocinha (Ruth de Souza), et a Albieri comme parrain. Ni le garçon ni sa famille ne soupçonnent ses véritables origines. En voyage au Maroc en compagnie du scientifique, Léo voit Jade et tombe immédiatement amoureux, comme cela est arrivé à Lucas il y a des années. En découvrant la vérité sur sa vie, il vit une crise, essayant de trouver sa place dans le monde. Lorsque l'histoire de la création du clone devient publique, Deusa – la mère porteuse – et Leônidas – le père biologique – se disputent Léo devant le tribunal. A la fin de l'histoire, Albieri et Léo – créateur et créature – disparaissent dans les dunes du désert du Sahara marocain.

A l’occasion des 20 années de la diffusion du feuilleton, la presse brésilienne est revenue récemment en long et en large sur les différents aspects du making-of, les principales péripéties de la série mythique, les scènes emblématiques, mais aussi sur les ingrédients culturels, civilisationnels et de décor offerts par le Maroc et particulièrement la ville de Fès, pour assurer un succès sans précédent à ce chef-d’œuvre brésilien.

Selon la presse brésilienne, les premières scènes d'O Clone ont été tournées dans cinq villes du Maroc, où les acteurs et l'équipe ont travaillé pendant 40 jours : la kasbah Ait Ben Hadou à Ouarzazate, la médina de Marrakech, la citerne portugaise d'El Jadida et la médina de Fès, qui a servi de référentiel pour la construction de scénographies au Brésil.

Environ 700 pièces de costumes ont été achetées au Maroc, dont des tuniques pour hommes (gandouras) et pour femmes (djellabas et kaftans), des paires de babouches, des foulards, des voiles, des sacs, des robes de mariée et des bijoux. La somptueuse robe de mariée de Latiffa (Letícia Sabatella), par exemple, a ébloui pour longtemps le public et la presse locale.

Au vu de ce succès, le feuilleton a reçu plusieurs distinctions. Eliane Giardini a été lauréate du prix de la meilleure actrice pour son interprétation de Nazira et Sthefany Brito a reçu le prix révélation pour le rôle de Yasmin, décerné en 2002 par l'Association des critiques d'art de São Paulo (APCA). L'année suivante, la telenovela a remporté trois catégories du Prix Inte (Indústria de la Televisión), considéré comme l'un des plus importants en Amérique latine: meilleure telenovela, meilleur auteur et meilleure actrice (Giovanna Antonelli).

Jusqu'en 2016, la série avait été exportée dans 101 pays, devenant l’une des telenovelas brésiliennes les plus vendues de l'histoire. Le feuilleton a ensuite été rediffusé régulièrement au Brésil et ailleurs. Une version hispanique de la telenovela a été produite par Telemundo en 2010 (El clon), avec la participation d’acteurs de plusieurs pays d'Amérique latine.

Malgré le fait d'avoir été diffusé juste après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, ce qui menaçait, selon des critiques, son acceptation par les téléspectateurs, le feuilleton s’est vite mû en un succès inégalé. Selon la presse locale, ce succès a boosté la demande de voyages au Maroc, poussant les agences de voyages à lancer des offres et des promotions aux touristes brésiliens.

André, un avocat exerçant à Brasilia, explique à la MAP qu’O Clone a marqué les esprits des Brésiliens et d’autres téléspectateurs à travers le monde, chez qui le feuilleton a attisé la curiosité et l’admiration de la culture marocaine.

Les Brésiliens sont allés jusqu’à s’approprier des expressions prononcées par les acteurs qui se sont invitées dans la langue portugaise, confie Marília, une salariée d’une société d’assurances, dont le mari, un argentin établi au Brésil, dit également avoir entendu parler de cette série à plusieurs reprises au Brésil.

En effet, ajoute la femme de 33 ans, l’impact de la série TV a été tel que le bracelet typique de Jade, qui relie le poignet à un doigt avec une fine chaîne ornée de pierres colorées, était devenu très populaire et prisée auprès des vendeurs ambulants et des bijoutiers.

Aussi, selon une étude publiée par le quotidien Folha de S. Paulo le 28 octobre 2001, les instituts de Sao Paulo ont enregistré une hausse de 80% des demandes de cours de danse orientale après la diffusion du feuilleton.

"Mes parents l’ont regardé et adoré et ma génération aussi. Les nouvelles générations ont l’occasion d’apprécier O Clone à l’occasion de rediffusions à la télé ou sur des plateformes d’hébergement de vidéos", souligne-t-elle.

Dans le prolongement de ce succès historique, la rediffusion actuelle d’O Clone rivalise avec le très attendu feuilleton du réseau RecordTv, la série biblique "Genesis" tournée à Ouarzazate, de quoi renouveler l’apport et consolider la connaissance sur le Maroc et sa culture par le billet du petit écran brésilien.