société
Clap de fin du Festival international des nomades (contraints à la sédentarisation)
Les populations nomades souffrent dans toutes les régions en raison des changements climatiques, de la rareté des précipitations et du manque conséquent de pâturages alloués aux dromadaires. L’absence des systèmes de santé et de scolarisation impose à cette frange de la population de se sédentariser (Noureddine Bougrab)
M'hamid El Ghizlane, - Une soirée musicale a clôturé, lundi soir, trois jours de festivités en l'honneur de la culture nomade dans le cadre de la 18ème édition du Festival international des nomades à M'hamid El Ghizlane.
Installée en face de la salle omnisports de M'hamid El Ghizlane, la principale scène du festival a vu se succéder des artistes marocains d’influences sahraouie et amazighe au grand bonheur des habitants de cette commune du sud-est marocain et des nombreux touristes qui y séjournent.
Pour ouvrir le bal, le groupe Tarwa N’Tiniri de Ouarzazate a enchanté le public avec un florilège de sons traditionnels amazighs et nord-africains mêlés à du jazz reggae, gnawa et du blues. Composé de six musiciens autodidactes, les artistes ont partagé leur passion pour ce genre musical avec un répertoire qui promeut la culture et la poésie amazighes.
La troupe Baber Band, composée de cinq artistes de Laâyoune, a pris ensuite le relais en emportant les spectateurs avec une musique sahraouie moderne.
L’apparition tant attendue de la soirée a été celle du chanteur populaire Younes Boulmani, originaire d'Erfoud. L'artiste a été propulsé au rang de star nationale, un statut qui a d'ailleurs été consolidé à M’hamid El Ghizlane, auprès d’un public conquis qui connaît par cœur ses chansons.
Révélé au grand public grâce à sa chanson "hta lkit li tebghini" qui a été largement partagée sur les réseaux sociaux, le jeune musicien a mis le feu sur scène clôturant en grande pompe les festivités de cette 18ème édition.
S’exprimant à cette occasion, Noureddine Bougrab, directeur du festival et président de l'association Nomades du monde à l’initiative de cet événement, a indiqué que cette édition a mis en lumière certains aspects et traditions faisant partie intégrante de la culture des nomades.
Grâce aux efforts des jeunes de M’hamid El Ghizlane, le festival a réussi à promouvoir le riche héritage historique et environnemental de cette région, a-t-il dit, notant l’importance de valoriser et de préserver la culture locale par la promotion touristique.
Plus tôt dans la journée, les festivaliers ont assisté à des démonstrations de fabrication de pains cuits dans le sable (la Mella) ainsi qu'à un match de hockey sur sable, entre autres activités culturelles.
Cet événement, dont le but est de promouvoir la culture nomade, est organisé grâce notamment au soutien du ministère de la Culture, de l'Office national marocain du tourisme, de la Fondation Banque populaire et du Conseil provincial de Zagora.
Les populations nomades contraintes à se sédentariser
Les populations nomades souffrent dans toutes les régions en raison des changements climatiques, de la rareté des précipitations et du manque conséquent de pâturages alloués aux dromadaires a souligné, lundi à M'hamid El Ghizlane, le directeur du Festival international des nomades, Noureddine Bougrab.
Dans un entretien accordée à la MAP en marge de la 18ème édition du festival international des nomades qui se tient à M'hamid El Ghizlane du 29 avril au 01 mai, M. Bougrab a précisé que l'absence des systèmes de santé et de scolarisation impose à cette frange de la population de se sédentariser.
En dépit des nombreuses contraintes, des efforts supplémentaires doivent être consentis, non seulement au Maroc, mais également au niveau mondial pour améliorer les conditions de cette catégorie de gens, a-t-il indiqué.
Selon les dernières statistiques, il a fait remarquer que le nombre de nomades dans la région du Drâa-Tafilalet a diminué des deux tiers, soulignant qu’il s’agit d’une sonnette d’alarme à laquelle une attention particulière doit être prêtée.
Sur la manifestation culturelle, M. Bougrab, également président de l’Association Nomades du Monde à l'initiative de ce rendez vous, note que le festival poursuit son bout de chemin à un rythme régulier et continu, à travers une série de rendez-vous devenus incontournables, tels que les soirées musicales en plein air, les ateliers et expositions de produits locaux en plus d’activités propre au nomadisme à l’instar des courses de dromadaires, le hockey sur sable et la fabrication de pains cuits dans le sable (la Mella), entre autres activités culturelles.
De par son rôle en tant que composante essentielle dans la culture nomade qui vise à divertir et édifier les générations futures, une séance de contes a été programmée dans un bel espace désertique lors de cette édition avec la participation de conteurs venus de la France, du Mali et du Maroc, a-t-il fait savoir.
Cet événement culturel, a-t-il poursuivi, est devenu un modèle de réussite et une marque propre du sud marocain. Il a prouvé que la culture est l’un des vecteurs du développement social et économique les plus importants.
Par ailleurs, M. Bougrab a raconté que l'association Nomades du monde est née d’une idée qui a mûri chez des jeunes issus de régions reculées, dans lesquelles une vague de sédentarisation des nomades a augmenté considérablement.
Vu l’importance et la richesse du patrimoine culturel des nomades, ce groupe de jeunes a créé l’association des Nomades du monde en 2004 dans le but de faire connaître ce riche héritage, le mettre en lumière et le partager avec le monde.
"Depuis 2004 nous avons lutté en n’ayant la moindre connaissance des mécanismes d'organisation d'événements culturels" a-t-il avoué, assurant que l’amour pour la culture locale et pour cette région chère au marocains étaient derrière le lancement de cette aventure.
La région de M'hamid El Ghizlane est riche de son patrimoine matériel et immatériel, enraciné dans la profondeur de l'histoire. Elle fut autrefois un point de passage des caravanes commerciales entre le Sahara et le Maroc vers l'Europe et a joué un rôle majeur dans ce croisement culturel entre le sud et le nord, a-t-il conclu.