société
Le dialogue interreligieux, une priorité sociale du XXIe siècle
De g à D : Monseigneur Khaled Akasheh, Abdejlil Lahjomri et le cardinal Cristobal Lopez Romero
Rabat - Le dialogue interreligieux constitue une priorité sociale du XXIe siècle, a affirmé, mercredi à Rabat, le Secrétaire perpétuel de l'Académie du Royaume du Maroc, Abdeljalil Lahjomri.
Cette priorité implique de ne pas transformer la différence en désaccord, a soutenu M. Lahjomri dans une allocution à l'occasion de la journée sur Le Maroc ou l’art de vivre ensemble en terre Islam organisée dans le cadre des rencontres préparatoire es Assemblées annuelles du Groupe de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International.
Le dialogue et l'unité autour du mot «ensemble» instaurent une culture de respect du pluralisme et contribuent à interconnecter les individus et les sociétés, a-t-il ajouté.
C’est en étant différents que les interlocuteurs atteignent la convergence, contrairement au désaccord qui ne conduit qu'à des conflits et à des querelles, puis à un point de haine et d'éloignement, a soutenu M. Lahjomri, indiquant que la pandémie de Covid-19 a jeté la lumière sur les défis sociaux et économiques et les catastrophes sanitaires et environnementales qui se multiplient dans le monde actuel, laissant place à des problèmes qui peuvent conduire à l'effondrement des valeurs et des sociétés.
Il a rappelé, dans ce contexte, un extrait du Discours prononcé par SM le Roi Mohammed VI, Amir Al-Mouminine, lors de la cérémonie de réception officielle de Sa Sainteté le Pape François en mars 2019 : «Nous n’avons eu de cesse d’aller chercher Dieu au-delà du silence, au-delà des mots et au-delà du confort des dogmes, pour que nos religions restent des passerelles privilégiées et éclairées et pour que demeurent les leçons et les messages de l’Islam des lumières. Le dialogue entre les religions abrahamiques est manifestement insuffisant dans la réalité d’aujourd’hui. Au moment où les paradigmes se transforment, partout et sur tout, le dialogue inter-religieux doit aussi faire sa mue».
Il a mis l’accent sur les fondements du dialogue basés sur une conviction commune des religions monothéistes qui respectent l'être humain et reconnaissent ses droits, soulignant que la convergence est une alternative à toute discrimination ou à la consolidation des stéréotypes.
La convergence diffuse également la culture de la pensée libre et responsable dans un monde caractérisé par le changement, l'altération des valeurs et la peur de l'avenir, "car même s'il nous apporte chaque jour un flux considérable de connaissances, ce monde porte toujours des questions existentielles qui nous invitent à envisager notre sort avec optimisme."
S’agissant des attentes liées au dialogue interreligieux, le Secrétaire perpétuel de l'Académie du Royaume du Maroc a indiqué qu'elles sont liées à une culture de paix, de coexistence, d'harmonie, de respect de la diversité culturelle et doctrinale et de rejet de tout enfermement identitaire.
Dans cette perspective, M. Lahjomri a soutenu que le dialogue interreligieux ne constitue pas un luxe intellectuel éphémère, mais représente plutôt, en paroles et en actes, le seul moyen possible de remédier à tout déséquilibre de relation et de compréhension afin que l'homme ne se perde pas dans les mutations des civilisations contemporaines.
Cette journée d'étude, organisée en coopération avec le Cercle du dialogue entre les religions au Vatican et la Rabita Mohammadia des Oulémas, s'inscrit en droite ligne des Hautes orientations Royales appelant à la promotion de la culture de la coexistence et de la paix et au renforcement du dialogue entre les civilisations, les cultures et les religions, dans l'objectif de lutter contre l'extrémisme et la violence.
Au programme de cette journée figuraient deux séances d’études dont la première porte sur le thème "Nous connaître et nous reconnaître comme frères : le don de nos convergences et le défi des divergences", tandis que la deuxième est axée sur "Discours entre les religions : nature, finalité et renouvellement".