Le métro de New York où le microcosme d’une société melting-pot! - Par Karim AOUIFIA

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L’architecture “majestueuse” de certaines gares comme la Old City Hall Station la Old City Hall Station reflète un effort de prouver que New York était en mesure de rivaliser “culturellement” avec les grandes métropoles européennes comme Londres, Paris ou Rome

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Par Karim AOUIFIA – Bureau de MAP à New York

New York - Pour perpétuer le sentiment d’émerveillement et d’émotion qu’il a ressenti en 1917 à la vue de la vague humaine qui déferle chaque jour sur la gare du métro de la Concorde à Paris, le célèbre poète américain Ezra Pound a laissé jaillir un poème bref et succinct qui fait date.

“Dans une gare de métro. L’apparition de ces visages dans la foule; des pétales sur une branche noire et mouillée”. À travers ces quelques mots, le natif de l’Etat d’Idaho (Nord-ouest des Etats-Unis) a présenté, de l’avis de plusieurs critiques, une image sur la nature éphémère de la vie moderne incarnée au quotidien sur les plateformes de ce moyen de transport, mais aussi sur la diversité humaine.

Cette diversité rappelle en quelque sorte le caractère cosmopolite que représente le célèbre métro de New York qui vient de fêter son 120è anniversaire. Mis en service en 1904, le New York City Subway est plus qu’une liaison entre les cinq arrondissements de la Grande Pomme et ses banlieues. Il est le symbole d’une “ville” souterraine grouillante qui donne un aperçu sur une société diversifiée vouée à “l’exercice quotidien de la tolérance et de l’acceptation de l’autre”.

“Pendant le trajet pour se rendre au travail, à l’école ou ailleurs, le métro de New York incarne l’exemple édifiant de la diversité” ethnique et culturelle qui fait la marque distinctive de la mégapole américaine, lance Edward. D, un jeune employé qui emprunte quotidiennement la ligne R reliant le Queens à Manhattan.

Pour lui, le NYC Subway, utilisé par plus de trois millions de passagers chaque jour, ouvre une “fenêtre intéressante” sur la ville et se présente comme un "microcosme de ce que l’on peut vivre ici”. A ses yeux, il n’y a pas moyen, lors d’un voyage à bord du métro, de déchiffrer avec précision le background du navetteur d’à côté.

Décrivant la vocation melting-pot de cette partie intégrante du décor new-yorkais, le New York Times a fait le parallèle entre le Subway et Broadway, l’épicentre emblématique des grands théâtres et de la culture urbaine dans la ville et au-delà.

“C’est le Broadway de New York, où la vie se déroule dans un espace restreint et où nous avons le privilège d’entrevoir d’autres réalités que la nôtre”, écrit le grand tirage dans un article.

C’est cette facette de la métropole américaine qui a le plus fasciné le photographe de renom Willy Spiller. Pour lui, “il n’y a rien de plus new-yorkais que son métro, chaque wagon étant un microcosme bruyant de la ville elle-même, un melting-pot bondé et coloré où chacun se mêle des affaires de tout le monde”.

Pour d’autres “clients” fidèles à ce moyen de transport et à son efficacité en termes de temps et d’argent, le NYC Subway contribue à leur enrichissement culturel et esthétique. “Il existe une culture underground qui intéresse les millions de voyageurs qui dépendent du métro”, écrit Dora Mekouar dans un article publié par Voice of America.

Parmi les expressions de cette diversité se distingue la culture hip-hop qui a pris son envol dans les années 70 dans le mythique arrondissement du Bronx. “Le hip-hop et sa culture, notamment les graffitis, étaient devenus une composante essentielle de l’identité du métro new-yorkais”, relève Led Black, blogueur originaire du quartier Washington Heights.

Aux côtés de ces "rappeurs", d’autres artistes trouvent leur place, offrant aux usagers du métro new-yorkais l’occasion de découvrir des mélodies et des chansons qui rappellent la culture et la tradition de leurs pays d’origine.

Une autre facette qui attire l’attention des navetteurs new-yorkais et des touristes est l’architecture “majestueuse” de certaines gares comme la Old City Hall Station. Selon des historiens, le soin “esthétique” entretenu dans cette gare et bien d’autres reflétait un effort de prouver que New York était en mesure de rivaliser “culturellement” avec les grandes métropoles européennes comme Londres, Paris, Rome ou encore Madrid.

Aussi, ce vaste système de transport de la ville abrite plus de 400 œuvres d’art contemporain de plusieurs artistes de renom comme l’Américaine Kiki Smith ou encore la Japonaise Yayoi Kusama.

Au-delà de sa vocation culturelle et malgré les épisodes sporadiques de crimes qui viennent parfois ternir son image, le métro de New York demeure, à bien des égards, un microcosme de la diversité qui distingue cette ville où chacun poursuit sa propre version du rêve américain.

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