société
Pourquoi l’élection du CNP divise la presse marocaine
L’élection du conseil national de la presse qui doit avoir lieu ce vendredi 22 juin n’a décidément pas fini de semer la discorde entre journalistes et de les diviser
Selon Le360, la justice devait trancher, ce jeudi 21 juin, dans un litige qui oppose le corps électoral composé de 3000 journalistes. En effet, le tribunal de Rabat avait été saisi par les journalistes de la MAP et devait statuer sur la légalité de certains critères liés à l’élection en question.
Après que le juge se soit déclaré incompétent pour juger des référés des journalistes de la MAP contre les décisions de la commission des élections, ceux-ci ont fait appel de cette décision.
Le règlement pour l’élection du CNP exclut les journalistes expatriés et stipule que seule la carte professionnelle de 2017 est valable pour être éligible et votant. Ce que les journalistes de la MAP refusent et jugent « inconstitutionnelle » parce qu’elle exclut les détenteurs de la carte de presse de 2018.
Par ailleurs, trois listes sont en lice dans cette élection de ce conseil et les éditeurs seront également représentés à travers un scrutin électoral uninominal, indique Le360.
A l’issue du vote, une seule liste sera élue et les deux autres seront éliminées sans la possibilité de figurer dans le futur organigramme du conseil.
Rappelons également, que les listes « Le Changement » et « Fidélité et Responsabilité », en lice pour les élections, ont exprimé leur soutien aux procédures de recours engagées par des journalistes de la MAP.
Les représentants des deux listes avaient fait part de leur soutien au recours introduits par des journalistes de la MAP et exprimé leur pleine confiance dans la justice pour rectifier ce processus et mettre fin aux anomalies relevées.
Les deux listes, dirigées par Ali Bouzerda et Abdessamad Benchérif avaient également relevé qu'elles se réservent le droit de prendre la position appropriée pour faire face à tout développement, y compris le recours à la justice administrative, de soumettre des pétitions à la Cour constitutionnelle ou encore le boycott de ces élections, tout en imputant au gouvernement la responsabilité totale des dysfonctionnements constatés.
Et de dénoncer aussi le critère de 15 ans d’ancienneté obligatoire pour se porter candidat, qui exclut toute une génération, en ignorant les mutations profondes que connaît le secteur particulièrement la presse électronique et les radios privées.
L’autre liste en lice pour cette élection, d’ailleurs favorite, est issue du Syndicat National de la Presse Marocaine (SNPM) et dirigée par Younes Moujahid et Abdellah Bekkali.
« Le Changement » et « Fidélité et Responsabilité » boycottent
La liste "Le Changement" a, en effet, annoncé, ce jeudi 21 juin, sa décision de boycotter cette élection et demandé à la commission de supervision son retrait de tous les bureaux de vote
"Suite à notre décision de boycotter l'élection du Conseil National de la Presse prévue le vendredi 22 juin 2018, nous avons le regret de demander le retrait de notre liste de tous les bureaux de vote, et ce en réponse à la volonté des journalistes des quatre coins du royaume avec lesquels nous avons interagi tout au long de la campagne électorale", a indiqué Ali Bouzerda, tête de liste "Le changement", dans une lettre adressée au président de la commission de supervision.
Tous ces journalistes ont souligné que les résultats des élections sont décidés à l'avance à cause du mode non-démocratique du scrutin de liste fermée, la non-vérification du collège électoral et l'exclusion d'un nombre de journalistes en exigeant la carte professionnelle de l'année 2017 sachant que les élections se déroulent en 2018", a poursuivi Bouzerda, déplorant également dans ce cadre l'absence d'égalité des chances entre les listes en compétition dans ce scrutin.
Même son de cloche chez la liste "Fidélité et responsabilité" qui a aussi décidé de boycotter cette élection et demandé son retrait de tous les bureaux de vote.
Abdessamad Bencherif, tête de liste de « Fidélité et responsabilité » a déploré l'absence d'égalité des chances entre les listes en compétition dans ce scrutin, soulignant que cette décision de boycott est en harmonie avec "nos positions exprimées clairement à l'égard du processus ayant accompagné les préparatifs de cette échéance".