Saad Lamjarred, un procès dans l’in-sérénité

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Saad Lamjarred

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Par Naïm Kamal

Six ans d’emprisonnement. Une année de moins que ce qu’avait requis l’avocat général. Saad Lamjarred passera sa première nuit de prison ce vendredi.

Au Quid.ma nous ne savons pas s’il est coupable ou victime.

Ce que nous savons en revanche, c’est que dans le procès du chanteur marocain, accusé d'avoir violé une jeune femme dans une chambre d'hôtel en marge d'un concert prévu à Paris en 2016, quoi qu’en disent Laura P. et sur ses pas le parquet, c’est parole contre parole. 

La parole de celle qui se déclare victime et de celui qu’elle déclare coupable de viol. 

Il y a bien sûr des témoins mais absents de la ‘’scène du crime’’. Ils sont sujet à caution comme le sont souvent les témoins, mêmes oculaires. A fortiori quand ils sont de seconde main.

D’ailleurs, la présidente de la cour elle-même n’a fondé son jugement que sur sur sa conviction, se déclarant "convaincue" que la star marocaine ‘’avait violé et frappé une jeune femme dans une chambre d'hôtel en 2016’’.

Il n’y a pas de preuves, ni traces de spermes, ni examen vaginal post viol comme il est requis de procéder en pareil cas. Mais ‘’de vrais signes de syndrome post-traumatique’’, selon les psychiatres qui ont expertisé Laura P. 

Mais la médecine, on le sait, n’est pas une science exacte, et moins encore, sans rien lui ôter de son utilité, la psychiatrie. 

Saad Lamjarred qui a encore contesté fermement toute relation sexuelle lors de ses derniers mots à son procès, n’a pas été jugé dans les meilleures conditions possibles de sérénité. Et il n’est pas certain que le racisme ambiant et de plus en plus décomplexé de la société française ainsi que l’ambiance qui règne dans les relations maroco-françaises n’aient pas interféré dans le jugement.  

Si ces doutes se sont imposés à nous, c’est parce qu’à la lecture des justifications de la présidente de la cour d’assises et de la manière dont la presse locale en France a accompagné et traité le sujet, on a la désagréable sensation que la chanteur marocain a été jugé coupable et condamné d’avance. 

Avant que la cour n’entre en délibération, ‘’Saad Lamjarred s'est avancé à la barre de la cour d'assises de Paris, polaire noire sur le dos, rapporte l’agence AFP qui ajoute : "Est-ce que je peux parler en français ?", demande celui qui ne s'est exprimé que dans un mélange d'arabe et d'anglais [sic] depuis l'ouverture de son procès lundi’’

"J'ai essayé au cours de cette audience de m'exprimer, de vous dire la vérité du fond de mon cœur, parce qu'absolument, je n'ai pas fait ce dont j'étais accusé […] "j'insiste, Madame la présidente", ajoute le chanteur, ses mains la suppliant de le croire. "Je n'ai jamais, jamais pénétré Laura P."

"Merci de m'avoir écouté", conclut-il avant d'aller se rasseoir, tête baissée.

Ecouté, il ne l’a pas été. Espérons seulement, s’il décide de faire appel, que la cour d’appel des assisses, que récemment instituée, s’assurera d’une ambiance plus sereine et plus attentive aux preuves qu’aux convictions intimes.

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