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Si la Tour de l’Horloge de Casablanca pouvait Parler !
Achevée en 1908, la construction de cette tour en forme de minaret et largement inspirée des mosquées, se voulait respectueuse des particularités de l’architecture marocaine
Depuis plus d’un siècle, la Tour de l’Horloge de Casablanca, phare de la l’architecture original, témoigne de l’histoire de la ville blanche et des récits des hommes qui l’ont traversée.
Du temps de sa construction, au début du XXe siècle sur la Place des Nations unies, la Tour de l’Horloge de Casablanca se distinguait par son design unique et contemporain, des traits qui ont permis à ce monument de résister au temps et à ses vicissitudes pour continuer, imperturbable, à orner la ville jusqu’à l’ère actuelle.
Achevée en 1908, la construction de cette tour en forme de minaret et largement inspirée des minarets marocains, n’était pas le fruit du hasard, mais répondait à de nombreuses considérations aussi bien d’ordre politique qu’urbanistique.
C’est le commandant français Dessigny, qui chapeautait les services "municipaux" de la ville de Casablanca, qui ordonna sa construction de cette horloge, bien avant le Traité de Protectorat français de 1912.
Il la voulait respectueuse des particularités de l’architecture marocaine avec son zellij, ses arcades, et sa petite koubba surmontée d’un croissant et d’une étoile.
Jawhar kodadi, passionné par la charge historique des espaces, rapporte dans un texte qu’au début du 20ème siècle, un journal de l’époque, parle « d’une adjudication pour la fourniture des pavés destinés à donner une nouvelle forme aux rues de la ville. Mais c’est une note en particulier qui a attiré (son) attention : la pierre choisie pour la première adjudication provenait de la carrière de Si Abdel Kerim ben el Hadj Bou Azza, située sur les terrains de M. Karle Fike, à quelques kilomètres sur la route de Mediouna. Cette carrière dévoilait huit couches épaisses de grès, offrant une pierre de taille de qualité supérieure. Mais plus significatif encore, c’est de ces carrières qu’ont été extraites les pierres qui allaient donner naissance à la Tour de l’Horloge.
Ce choix n’était pas anodin. La qualité de la pierre, sa durabilité et son esthétique étaient des critères primordiaux pour un édifice destiné à devenir un repère emblématique de la ville. »
Mais elle ne résistera pas toutefois à l’usure de vents et n’eut pas le destin d’une horloge intemporelle. Selon les données disponibles, dans les années 40, le bâtiment avait atteint un niveau de délabrement et de fragilité tel que les autorités décidèrent, en 1948, de la démolir pour éviter un effondrement dangereux.
Ce n’est qu’au milieu des années 1990 qu’elle sera reconstruite au centre de la place des Nations unies, à quelques mètres de son emplacement original, à proximité de la muraille de l’ancienne médina pour interagir avec la vie sociale des gens, du moins en "organisant leur temps", à une époque où même les montres manuelles étaient rares.
La forme de la tour , placée entre les deux portes de la muraille de la place de France (aujourd’hui place des Nations unies), la tour affiche sur chacune de ses quatre façades une horloge mécanique circulaire avec un cadran aux heures inscrites en chiffres romains, ce qui a valu à la tour de porter le nom de Tour de l’Horloge.
Ce fait concernant l’organisation du temps des personnes de passage ou qui couraient Bab Marrakech, où se situe la tour, est confirmé par certains habitants de la ville intra-muros, notamment ceux qui ont intimement fréquenté les espaces de cet édifice urbain qu’est l’ancienne médina de Casablanca, dite anciennement "la ville arabe" (en opposition au côté européen de Casablanca).
Son aspect historique étant, la Tour constitue aujourd’hui l’un des sites attrayants de la ville, attirant les touristes et les visiteurs qui souvent pausent à son pied pour le souvenir ou la postérité.
A proximité de la tour, à l’entrée de Bab Marrakech, en longeant le mur de l’ancienne ville, les visiteurs découvrent un espace très animé qui connaît une forte dynamique commerciale. Tout au long de la journée, une nuée de personnes rythment son quotidien pour profiter des activités touristiques liées à la culture et au patrimoine architectural de ville, pour le shopping, dans les commerces y ont élu domicile, ou encore pour accéder à la vieille ville où résident une population nombreuse.
Le phare qui est aussi l’ornement distinctif de cette partie du centre-ville, est aussi un repère qui parle aux visiteurs d’un architecture de personnes qui perpétue la mémoire des lieux et raconte son histoire.
La tour de l’horloge, entre sa fonction ancienne et sa mission actuelle de témoin d’un temps passé et de celui qui s’écoule, ramène toujours à cet aphorisme qui s’interroge sur ce que les monuments ont d’oculaire en lançant avec regret : Si les murs pouvaient parler, que raconterait la tour-scribe sans plume des évènements qui ont émaillé la vie de cet espace. (Quid avec MAP)