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UNESCO : 86% d’impunité pour les meurtres de journalistes, un taux inacceptable
Des journalistes mexicains se rassemblent autour de photos de collègues assassinés alors qu’ils protestent contre les récents meurtres des journalistes Margarito Martinez et Lourdes Maldonado, à Veracruz, au Mexique, le 25 janvier 2022.
Paris - Le taux d’impunité mondial pour les meurtres de journalistes dans le monde s’élève à 86%, dénonce, mercredi, l’UNESCO, à l’occasion de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes.
"À l’occasion du 10e anniversaire du Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes, j’appelle les gouvernements et toutes les parties prenantes à redoubler d’efforts pour mettre fin à l’impunité des crimes commis contre les journalistes", déclare la directrice générale de l’organisation onusienne, Audrey Azoulay, citée dans un communiqué.
"La liberté d’expression ne peut être protégée alors que le nombre de cas non résolus est aussi important. Cela a un effet dissuasif sur le journalisme d’investigation, un domaine vital pour la santé de toute démocratie", ajoute la cheffe de l’UNESCO, qui publie le 2 novembre son rapport sur la sécurité des journalistes et le danger de l’impunité pour la période 2020-2021.
Les données indiquent que le taux d’impunité n’a baissé que de 9% au cours des dix dernières années, l’UNESCO saluant ce progrès mais avertissant qu’une telle baisse reste très insuffisante pour enrayer la spirale de la violence, note le communiqué.
Le rapport de l’UNESCO souligne également qu’il n’y a aucun lieu sûr pour les journalistes. En 2020-2021, sur les 117 journalistes tués du fait de leur emploi, 91 d’entre eux (soit 78 %) l’ont été en dehors des heures de travail, à leur domicile, dans leur véhicule ou dans la rue par exemple, et non dans le cadre d’une mission spécifique. Plusieurs ont été tués devant des membres de leur famille, y compris leurs enfants.
L’UNESCO promeut la sécurité des journalistes au travers de campagnes de sensibilisation mondiale, d’un renforcement des capacités, ainsi que par de nombreuses mesures, notamment issues du Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité.
Outre le travail qu’elle mène avec ses 193 États membres pour développer et mettre en œuvre des lois et des politiques nationales sur les médias, l’UNESCO forme des juges, des procureurs et des forces de sécurité pour faire respecter les droits des journalistes et veiller à ce que les attaques perpétrées à leur encontre fassent l’objet d’enquêtes et de poursuites.
En dix ans, l’UNESCO a déjà formé plus de 24 000 juges, dont 15 000 en Amérique latine dans le cadre d’un partenariat fructueux avec la Cour interaméricaine des droits de l’homme. L’Organisation a également formé plus de 11 500 policiers, notamment grâce à un nouveau cours en ligne lancé cette année en partenariat avec l'International Police Association (IPA).
Pour célébrer le 10e anniversaire du Plan d'action des Nations Unies, une conférence organisée par le ministère autrichien des Affaires européennes et internationales, en collaboration avec l’UNESCO et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, se tiendra les 3 et 4 novembre à Vienne, en Autriche, note le communiqué.
Cette conférence, qui sera inaugurée par Mme Azoulay, permettra aux parties prenantes de réfléchir à la manière de mieux prévenir et poursuivre les crimes contre les journalistes, et de lutter contre les menaces émergentes.