chroniques
Aziz Akhannouch reprend son poste d’avant-centre
Un match de foot a opposé le Bureau politique du RNI à la jeunesse du parti. Il semble qu’il a eu raison de ses jeunes. Aziz Akhannouch n’a pas marqué, mais son but a été atteint
C’est un Aziz Akhannouch les manches retroussées qui reçoit les journalistes vendredi 21 décembre en cette fin d’après-midi caniculaire. Dans le grand terrain de l’université internationale de Marrakech qui abrite la deuxième université d’été de la jeunesse du RNI prévue depuis l’année dernière, plus de quatre mille jeunes l’attendent. Mais l’évènement est éclipsé par ce que l’opinion publique et les observateurs attendent de lui : La forme, plus politique que physique, du président du Rassemblement national des indépendants.
De la plus haute des solitudes à cette kermesse de pré-adultes joyeux, trois ou quatre mois qui ont duré un siècle. Aziz Akhannouch qui sort d’une cabale sans précédent contre un homme politique ne pouvait que susciter la curiosité. La mienne en tous les cas.
Tout au long de la « campagne de boycott » de trois produits de consommation dont il a été la principale cible, il a adopté un profil bas, observé le silence jusqu’à la lie, éprouvé dans sa chair combien la richesse peut conforter mais aussi exposer. La question était simple : Comment s’en sort-il après cette tentative d’assassinat politique, mort ou plus fort ?
Le 14 juillet, il a présidé une réunion du Bureau politique à Tanger, pris quelques décisions. Un signe mais insuffisant. Le 17 septembre, lors de la prestation de Saïd Amzazi, ministre de l’Education national, devant le Roi Mohammed VI, l’œil habitué à ce genre d’exercice aura remarqué, une rangée ou deux derrière le souverain, un Aziz Akhannouch relaxe et en permanence souriant.
Je ne sais pas comment est le phœnix après sa résurrection, mais vendredi dernier, le président du RNI affichait un sourire d’attaque. A la tribune, il se fait désirer.
D’abord la parole aux jeunes, n’est-ce pas leur rendez-vous ?, qui apportent à la rencontre leur touche juvénile ; ensuite aux femmes qu’Amina Benkhadra, d’habitude si austère dans ses tailleurs qu’elle a laissés tomber pour l’occasion, représente, enfin à l’encadrement dont Mohamed Aujjar de son air docte de théoricien sérieux, très sérieux, trop sérieux, égrènent les lignes.
Rachid Talbi Alami fait une rapide apparition pour célébrer la victoire du RNI contre le PJD à M’diq, livre quelques leçons aux jeunes et s’en va.
Il se fait tard dans la soirée et, signe d’impatience, l’assistance se dissipe dans des apartés quand arrive enfin le moment tant attendu. Aziz Akhannouch monte à la tribune, lève les mains, je ne me rappelle pas s’il a fait un V de la victoire, mais c’est tout comme.
Il discourt, analyse, son sourire ne le quitte pratiquement pas. Il laisse une impression d’amusement, il n’en est pas moins sérieux. En creux et en relief, le message est le même : Le RNI est au-dessus des hommes, et des siens avant tout. Décrypté, cela donne : si vous croyez qu’en abattant son président, vous abattez le parti vous êtes dans l’erreur.
Aziz Akhannouch fait semblant d’hésiter puis se lance : « nous connaissons les coupables de cette campagne de dénigrement, tous, et vous ne pouvez imaginer les moyens mobilisés pour nous détruire ». L’assistance veut des noms, un jour, répond l’orateur. Pour l’instant, c’est peine perdue, et le moment est à la loyauté, à l’intérêt du pays.
Pour autant, l’identité du ‘’coupable’’ est à peine tue. Leurs hommes portent pour la plupart des barbes et leurs femmes sont voilées. Le président du RNI ne dit pas les choses comme ça, mais il aurait pu tant il a affectionné au cours de cette soirée les bons mots pour qualifier ses adversaires.
Juste après, un match de foot a opposé le Bureau politique à la jeunesse du parti. Il semble qu’il a eu raison de ses jeunes. Aziz Akhannouch n’a pas marqué, mais son but a été atteint.