La grande famille de la sûreté nationale est en deuil. Abdelhak Khiame,  âgé de 64 ans, nous a quittés - il a été rappelé à Dieu le mardi 23 août et enterré au cimetière des chouhadas à Casablanca.

Nul doute que c'est une grande perte pour un corps où il avait fait toute sa carrière. Natif de Derb Soltane, c'est un bidaoui" pur suc. Il en a gardé le parler, la convivialité et la sociabilité. Après une licence de sciences économiques à l'Université Hassan II, i1 est recruté à la police judiciaire au sein de la BNPJ - il y gravit tous les échelons. Bras droit de Younès Jamali, il lui succède à la direction en mars 2004.

Il s’y est imposé par des qualités personnelles, le sens du travail d'équipe et la mobilisation constante de quelque 400 personnes. Proche de ses équipes, homme de terrain, le sens du devoir couplé au respect de la loi, il avait finalement réussi à instiller dans ce corps une culture particulière. Ce sont ces mêmes paramètres qui le font désigner à la tête du Bureau central d'investigations judiciaires (BCIJ), qualifié de "FBI" marocain.

Ses états de service attestent de sa compétence et de son grand professionnalisme. Rattaché à la DGSN – DGST- un double corps dirigé par Abdellatif Hammouchi depuis 2015 pour le premièr et 2004 pour le second - voilà Abdelhak El Khyame installé au nouveau siège flambant neuf du BCIJ à Salé. La coordination est totale, ce bureau relevant de l'autorité de celle-ci. Durant les années passées à la BNPJ, il avait eu à traiter de nombreux dossiers complexes et sensibles, les uns économiques et financiers et d'autres intéressant des activités terroristes. Le créneau de la grande criminalité, des trafics de toutes sortes (migration, kif, cocaïne, corruption,...) lui était familier : il en connaissait les réseaux et les arcanes.

Un label

L'autre périmètre, celui de la lutte antiterroriste, distinguait particulièrement aussi le BCIJ à l'international. Près d'une centaine de cellules terroristes ont été ainsi démantelées en six ans (2015-2021), dont 78 en rapport avec Daesh; ce bureau a aussi permis de traduire en justice 1357 individus liés à des affaires de terrorisme; sans parler de 137 autres revenus des zones de combat (Irak, Syrie, Libye) déférés à la justice. Il faut aussi mettre en exergue la collaboration étroite du BCIJ et de la DGSN -DGST avec des organismes sécuritaires spécialisés aux Etats-Unis, en Europe (France, Espagne,...) laquelle, sur la base de précieux renseignements a permis d'éviter des attentats terroristes et de neutraliser des réseaux opérationnels.

"Ssi Abdelhak", préfet de police, a été remplacé en novembre 2020 par Habboub Cherkaoui et a rejoint le cabinet d'Abdellatif Hammouchi. Un parcours, une vie, en première ligne dans l'appareil de sécurité relevant d'un domaine régalien en charge de 1a sûreté des biens et des personnes et des fondamentaux du Royaume.

Un visage connu, un communiquant ouvert et réactif, apprécié des médias nationaux et étrangers. Un label emblématique de l’appareil sécuritaire aujourd’hui. Une perte ressentie par son corps professionnel, mais aussi au-delà, aux niveaux populaire et national. L’honneur qu’il a porté, avec tant d’autres : celui du Maroc moderne…