Hier nous levions nos regards vers le haut pour voir les hommes sans les sacrifices desquels ses propos n'auraient pas existé aujourd'hui. Dans le jardin des nains d’aujourd’hui il faudrait se baisser pour reconnaître certains leaders politiques

Lorsque Si M'Hamed Boucetta, alors hôte d'une session de l'académie du royaume du Maroc, avait prononcé un discours sur "les moyens de la politique et la politique des moyens"; idée que le ministre des affaires étrangères, de l'époque était dans son rôle, avec toutes les nuances diplomatiques qu'exigeaient le métier, ne faisait aucun doute dans mon esprit. 

Il avait l'art et la manière de faire la part des choses et du feu. Il savait décliner l'offre lorsque les moyens n'étaient pas appropriés ou que la balise du chemin pouvaient mener à la confrontation ou à la rupture. Il savait jongler avec les concepts pour que son analyse ne soit ni  configurée dans l'approbation  et conciliation béates ni admise dans la contestation et le rejet systématique. 

Il faut dire qu'avec sa disparition c'est un chantre des us et coutumes du makhzen  qui disparaît et un orfèvre de la conciliation, du possible et de l'interdit. Un pur produit de Marrakech avec un vécu à Fès ne pouvait pas donner autre chose.

Dans ma génération, nous étions réfractaires aux dépassements des contingences idéologiques et politiques, mais nous étions, même dans la douleur et l'adversité, dans le respect et la responsabilité de nos pairs. Hier nous levions nos regards vers le haut pour voir les hommes sans les sacrifices desquels ses propos n'auraient pas existé aujourd'hui. Dans le jardin des nains d’aujoud’hui il faudrait se baisser pour reconnaître certains leaders politiques.

Adieu si M'Hamed peut-être qu'Allah a voulu t'épargner la descente aux enfers.