Quand ma bonne moitié m’avait suggéré un voyage à Cuba, j’avais dit oui sans aucune hésitation…avec un peu d’euphorie, je l’avoue. Deux images fortes m’avaient envahi, celle du Che et celle d’Hemingway. 

Sur place, j’avais en mémoire mon Che et dans mon sac une édition en livre de poche du « le vieil homme et la mer » « The old man and the sea…».

L’Argentin a marqué l’histoire de l’ile et de sa révolution. Dans le musée de la révolution, une salle est dédiée au Che, on y a rassemblé ses photos et ses objets personnels, le tout est d’une choquante simplicité.

Quand j’ai découvert qu’on avait fait de mes gars de véritables attractions commerciales, j’en avais tellement voulu à Fidel (Président à l’époque) que je commençais à accorder du crédit à certaines théories sur sa trahison…

L’exploitation touristique des figures de l’histoire m’a toujours gêné, les photos de Mao sur les jeux de cartes à Pékin comme les petites statues d’Hippocrate, d’Aristote et de Platon à Athènes.

Le Che à la Havane

L’Argentin a marqué l’histoire de l’ile et de sa révolution. Dans le musée de la révolution, une salle est dédiée au Che, on y a rassemblé ses photos et ses objets personnels, le tout est d’une choquante simplicité. Dans la forteresse San Carlos, il y a une sorte de reconstitution de son bureau mais rien d’autres, ni photo ni objet ni histoire…Sur la façade du ministère de l’industrie, un immense portrait et Hasta la victoria siempre.

Pour le reste, il faudrait aller à Santa Clara.

Hemingway à la Havane

La Havane me présentait Papa Hemingway en cinq lieux vénérés d’un circuit touristique rodé : l’hôtel Ambos Mundos, deux bars (le floridita et la bodeguita del medio), le port de Cojimar et la résidence la finca Vigia. 

L’américain est devenu la deuxième figure emblématique de l’ile 

aux fantasmes, tout ça pour vendre des Mojito…

Au Floridita, la statue d’Hemingway en bronze massif me dérange, je pose avec comme tout le monde mais sans conviction.  Un peu bêtement, j’aurais voulu lui trouver une ressemblance avec Antony Quinn dans le fameux film… 

Le rituel de la pose photo me ramène au film, je vous le résume en 200 mots.

Il s’agit d’un combat épique entre un vieil homme pauvre et un gigantesque marlin. Cette lutte symboliserait le combat de l'homme face à la nature, à la vieillesse ou à une force supérieure.

Santiago, le vieux pêcheur.(Antony Quinn), et Manolin, jeune garçon avide d’apprendre. L’histoire se déroule dans un petit port Cubain.

Santiago part à la pêche chaque jour, il n’a rien pris depuis 84 jours. Les parents du petit trouvent que Santiago est malchanceux. Leur fils embarquera sur un autre bateau, le jeune garçon reste lié au vieil homme, il croit en lui. Le vieil homme décide partir loin pour mettre fin à sa malchance. 

A l'aube du 85e jour, il rencontre son adversaire, un poisson énorme. Commence alors la lutte acharnée entre l’homme et le poisson (l’âge, la malchance) qui durera trois jours. Le duel est interminable, le vieux finit par appeler le poisson « mon frère » et lui exprime son respect. Ils mèneront la lutte jusqu’au bout.

Le vieux est vainqueur.

Mais des requins lâches et vils, l’attaquent à plusieurs. Il ne restera du poisson que la tête et l'arête.

Santiago, le vieil homme, rentre au port, épuisé, éreinté, mais il a son honneur pour lui. 

Pari réussi, en 200 mots.

Le Che qui n’est décédé qu’en 1967, ne ressemble-t-il pas au vieil homme d’Hemingway (1952) qui a bien lutté face à des forces supérieures, aux requins lâches et vils…et qui a eu son honneur pour lui.

Plus je vieillis, plus je le pense.