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Evaluation des politiques Publiques : l’ONDH mène la danse
Paradoxalement, c’est dans les pays développés que la culture d’évaluation des politiques publiques est la plus répandue, alors que ce sont les pays en voie de développement qui en ont les plus besoin
Les politiques publiques font souvent l’objet de grands débats et de grandes discussions avant leur mise en place et leur adoption. Les séniors se rappellent probablement des grandes polémiques autour de la politique des barrages durant les années soixante du siècle dernier et son financement partiel par une augmentation de la taxe sur le sucre ! Plus récemment, les projets du port de « Tanger Med », celui du TGV et d’autres, ont fait couler beaucoup d’encre avant et au cours de leur réalisation. Par contre, rares sont les évaluations faites ex-post pour apprécier l’impact réel des politiques publiques, leurs effets et leurs retombées par rapports aux cibles fixées, aux objectifs préétablis, mais aussi par rapports aux dommages collatéraux et aux nuisances non prévues. Or l’évaluation des politiques publiques est indispensable non seulement pour savoir si l’on avait raison ou pas de les entreprendre, mais c’est surtout pour en tirer des leçons quant à l’avenir, quant aux éventuelles mesures de correction, et à la décision de leur extension ou généralisation.
Les spécialistes de l’évaluation des politiques publiques précisent que cette démarche est complétement différente des missions d’audit, de contrôle ou de Conseil. Le but de l’évaluation est de procéder de façon crédible à la comparaison entre la situation contrefactuelle (situation probable si on n’avait pas mis en œuvre la politique publique en question), et la situation réelle née à la suite de l’adoption de la politique publique considérée. Cette comparaison permet de savoir si la politique publique retenue a eu les effets escomptés, et si elle a bien répondu aux besoins qui l’ont provoquée. L’évaluation ex-post ne remplace pas les études d’efficacité (qui comparent les objectifs fixés aux résultats obtenus), ni celles de l’efficience (qui prennent en considération le coût de ces résultats) (*).
Paradoxalement, c’est dans les pays développés que la culture d’évaluation des politiques publiques est la plus répandue, alors que ce sont les pays en voie de développement qui en ont les plus besoin au vu de la faiblesse des ressources et de l’importance des enjeux.
C’est dans ce contexte que l’Observatoire National du Développement Humain (ONDH) et le Réseau Francophone de l’Evaluation (RFE), en collaboration avec l’Association Marocaine de l’Evaluation, organisent à Marrakech le Forum International Francophone de l’Evaluation (FIFE2) du 13 au 16 décembre 2016. Le thème choisi pour cette édition répond justement à la problématique susmentionnée : « L’évaluation face aux nouveaux défis de développement ». Réunissant trois cent personnalités de profils différents : décideurs politiques, parlementaires, experts en évaluation, universitaires et cadres associatifs, le forum propose des sessions de formation aux participants intéressés, mais il se veut surtout comme étant une rencontre de débats sur le rôle que doivent jouer les gouvernements, les parlements et les institutions supérieures de contrôle dans l’enracinement de la culture d’évaluation au niveau de chaque pays. Le Maroc mène un certain nombre de politiques publiques dont la lutte contre la pauvreté, la promotion des droits de l’Homme, le développement durable, en plus de tous les plans sectoriels du plan émergence ; il est alors indispensable d’en évaluer l’impact et d’en mesurer les véritables effets.
Cependant, si l’objectif annoncé est de promouvoir des stratégies d’évaluation tenant compte des défis de développement auxquels sont confrontés les pays de l’espace francophone, il n’en demeure pas moins que le talon d’Achille des missions d’évaluation n’est pas d’ordre technique comme ou pourrait le croire, mais plutôt d’ordre politique. Les instances chargées de l’évaluation doivent faire preuve d’une indépendance et d’une impartialité totale pour garantir la crédibilité des résultats et servir d’aide efficace à la prise de décision.
(*) « Comment évaluer l’impact des politiques publiques », Rozenn Desplatz et Marc Ferracci, ed France Stratégie, Septembre 2016