Burkina: procès de l'assassinat de Sankara : le Che africain et la France

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Le capitaine Thomas Sankara, alors pésident du Burkina Faso, lors d'un Sommet à Harare, au Zimbabwe, le 2 septembre 1986

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Le procès de l'assassinat de Thomas Sankara, icône panafricaine et révolutionnaire mythique qui a réafricanisé la Haute Volta en la rebaptisant Burkina Faso, littéralement « patrie des hommes intègres », débutera le 11 octobre à Ouagadougou, mois anniversaire de son assassinat, a annoncé mardi le procureur militaire du Burkina Faso. Hostile à la politique française en Afrique, l'action de la France est régulièrement évoquée dans son assassinat, Thomas Sankara étant devenu bien plus que gênant. Dans son « Discours d'orientation politique », la France devient la principale cible de sa rhétorique révolutionnaire. Son hostilité à Paris se manifeste particulièrement lors de la visite du président français François Mitterrand au Burkina Faso en novembre 1986. Moins d’une année plus tard, le 15 octobre 1987, il est assassiné et son régime renversé. Ouagadougou rentre dans les rangs. 

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Un graffiti réclamant "Justice pour Sankara", le 20 septembre 2015 à Ougadadougou

"Le procureur militaire près le tribunal militaire de Ouagadougou, informe l'opinion nationale et internationale, que le procès des personnes mises en cause dans l'affaire de l'assassinat du président Thomas Sankara et de ses douze compagnons s'ouvrira le lundi 11 octobre 2021 à partir de 09H00 (GMT et locales)", indique un communiqué.

Le procès sera délocalisé "dans la salle des banquets de Ouaga 2000" et sera "publique", précise le texte. 

Mi-avril, le dossier avait été renvoyé devant le tribunal militaire de Ouagadougou, après la confirmation des charges contre les principaux accusés, dont l'ex-président du Burkina Faso Blaise Compaoré, 34 ans après la mort du "père de la révolution" burkinabè. 

Outre M. Compaoré, 12 autres accusés seront jugés pour "attentat à la sûreté de l'Etat", "complicité d'assassinats" et "complicité de recel de cadavres".

Parmi ces accusés figurent le général Gilbert Diendéré, l'un des principaux chefs de l'armée lors du putsch de 1987, devenu ensuite chef d'état-major particulier de Blaise Compaoré, ainsi que des soldats de l’ex-garde présidentielle.

Le général Diendéré purge actuellement au Burkina Faso une peine de 20 ans de prison pour une tentative de coup d'Etat en 2015.

Davantage de personnes étaient mises en cause initialement, mais "beaucoup d'accusés sont décédés", selon les avocats de la partie civile.

Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1983, le président Sankara, qui dérangeait énormément la France, ancienne puissance coloniale et la France-Afrique, a été tué par un commando à 37 ans, lors d'un putsch qui porta au pouvoir son compagnon d’armes d'alors, Blaise Compaoré.

La mort de Sankara, devenue une figure panafricaine et surnommé le" Che Africain", était un sujet tabou pendant les 27 ans de pouvoir de M. Compaoré, lui-même renversé par une insurrection populaire en 2014.

L’affaire a été relancée, après la chute de M. Compaoré, par le régime de transition démocratique et un mandat d’arrêt avait été émis contre lui par la justice burkinabé en mars 2016.

En février 2020, une première reconstitution de l’assassinat de Sankara s’était déroulée sur les lieux du crime, au siège du Conseil national de la Révolution (CNR) à Ouagadougou.

Blaise Compaoré vit en Côte d’Ivoire, pays voisin du Burkina Faso, où il s'était enfui après sa chute et dont il a obtenu la nationalité. Sauf à se présenter volontairement devant ses juges, il devrait être jugé par contumace.