Élections en Afrique du Sud: Le retour des assassinats politiques

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Les scènes de violences politiques se multiplient en Afrique du Sud, imputées à des règlements de compte entre militants de l’ANC

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Par Ilias Khalafi (MAP)

Johannesburg - Les tensions sont à leur comble en Afrique du Sud à la veille des élections municipales du 1er novembre prochain. Les assassinats politiques se sont multipliés à un rythme alarmant depuis le lancement de la campagne électorale.

En septembre, la communauté de Mabopane a été choquée par le meurtre du candidat-conseiller du parti du Congrès national africain (ANC au pouvoir), Tshepo Motaung. Son assassinat intervient quelques jours seulement après le meurtre de trois femmes dans la province du KwaZulu-Natal, abattues après un meeting du parti.

Il y a près de deux semaines, le candidat de l'ANC, Siyabonga Mkhize, a été assassiné dans une fusillade à Durban et la liste est encore longue, avec au moins six politiciens tués dans des règlements de comptes.

Historiquement, les assassinats politiques provoqués par les conflits intra et inter partis politiques ont toujours été monnaie courante dans l'espace politique sud-africain, même pendant l'ère de l'apartheid.

L'ANC, parti au pouvoir en Afrique du Sud depuis 1994, s'est dit sérieusement préoccupé par la recrudescence de la violence politique dans le pays avant les élections municipales.

Les Secrétaires régionaux du parti se sont réunis récemment pour examiner cette question épineuse, surtout que certains observateurs ont imputé les récents meurtres de membres de l'ANC aux querelles internes entre des responsables du parti qui se battent pour le pouvoir.

Ils ont qualifié ainsi ces violences politiques de «grave sujet de préoccupation», car elles menacent le processus électoral, la cohésion sociale et la stabilité du pays. «Le parti au pouvoir ne peut pas et ne doit pas se permettre d’être engouffré dans la violence politique, alors que le pays se prépare à des échéances électorales décisives», soutiennent-ils.

Selon l'analyste politique Daniel Silke, les élections en Afrique du Sud ont toujours constitué une période de tension croissante au sein des partis politiques.

L’exemple le plus frappant est celui de l'ANC qui connait actuellement «un degré élevé de factionnalisme», surtout après l’emprisonnement de l’ex-président Jacob Zuma et la suspension du puissant Secrétaire général du parti, Ace Magashule.

Dans ce climat de tensions politiques, les autorités n’ont d’autres choix que de déployer l’armée dans les régions à haut risque, particulièrement dans les provinces de KwaZulu-Natal, Cap occidental et Gauteng. Le ministre de la Police, Bheki Cele, a déclaré à ce propos qu’il y a près de 23.000 bureaux de vote dans le pays qui ont tous été profilés selon le niveau de risque qui pourrait être faible, moyen ou élevé.

Dans ce contexte, les assassinats politiques attribués en grande partie aux batailles entre factions au sein de l’ANC ont mis à mal la réputation du parti au pouvoir qui essaie, tant bien que mal, de redorer son image ternie par des années de corruption et de mauvaise gouvernance.

Le scrutin du 1er novembre s’avère ainsi un exercice difficile pour l’ANC qui n’a jamais été aussi divisé, les récents meurtres venant compliquer davantage la tâche du parti de Nelson Mandela qui peine à garder sa popularité d’antan.