International
L'Algérie ou ''la politique de l'exportation des crises internes'' (Marianne)
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune sous le regard vigilant des généraux
Paris - Le régime algérien ne cesse de créer des tensions diplomatiques à tous azimuts pour externaliser les problématiques sérieuses de gouvernance et de développement, écrit Younes Belfellah, chercheur et consultant spécialiste du monde arabe, dans une tribune publiée jeudi par le magazine français "Marianne" sur son site internet.
Dans cette tribune sous le titre « Algérie : La politique de l’exportation des crises internes", le fondateur et directeur du MEDFOCUS, un think tank spécialisé dans la géopolitique de la Méditerranée, analyse la manière dont le pouvoir algérien aime se défausser de ses problèmes sur d'autres pays, comme la France, le Maroc ou Israël.
L’Algérie a décidé la fermeture de son espace aérien aux avions militaires français de l’opération Barkhane et le rappel de son ambassadeur, en réaction aux déclarations du président Emmanuel Macron concernant « le système politico-militaire fatigué » qui dirige l’Algérie et la « rente mémorielle fondée sur la haine de la France ». Cela vient, quelques semaines après la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc voisin, accusant le Royaume « d'actions hostiles » à l'égard d'Alger, tout en critiquant le rapprochement entre le Maroc et Israël, rappelle l’auteur de la tribune.
Selon l’expert, « le régime algérien souffre d’une instabilité politique accrue, à la suite de la mouvance populaire appelée « Hirak» représentée par des manifestations pacifiques contre le pouvoir militaire et ses pratiques de corruption.
Ce mouvement, qui s’appuie sur les profondes insatisfactions économiques, sociales et politiques de toutes les tranches d'âges, et de toutes les régions, demande « un changement politique radical » du «système » mis en place depuis l'indépendance du pays et où l'armée et les services de sécurité en contrôlent les structures politiques, et indirectement les richesses énergétiques du pays, souligne l’auteur de la tribune, tout en faisant observer que le mouvement populaire du « Hirak » subit des campagnes d’arrestation et de répressions.
"Finalement, le régime militaire algérien incapable devant les demandes du "Hirak" et en crise de légitimité populaire utilise l’appareil diplomatique pour vendre une image d’un pays résistant. Une diplomatie algérienne qui devient agressive, agitée et sans vision stratégique. L’Algérie risque un effondrement systémique qui va engendrer certainement des répercussions sécuritaires et politiques pas seulement dans la région du Maghreb mais aussi en Europe", souligne l'auteur de la tribune.