L'Algérie place le Mali au centre d’une espèce de ''guerre larvée'' (hebdomadaire malien)

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Le ministre des Affaires étrangères algériens à Bamako : Lui et les autorités de son pays « sont dans une conflictualité artificielle avec la France pour un besoin de légitimité interne » (Hebdomadaire malien).

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Bamako - L'Algérie, à travers son comportement, place le Mali au centre d'un enjeu géopolitique et géostratégique, dont on ignore l'issue, d'une espèce de "guerre larvée", écrit l'hebdomadaire malien d'informations générales "Nouvelle Libération".

"Aujourd'hui, simplement, parce que nous sommes en froid avec la France, l'Algérie pense profiter de cette situation, jouer aux opportunistes pour nous encourager à nous débarrasser d'un allié historique qui a été là pendant qu'elle jouait l'indifférence, faisait le mort, face à la rébellion qu'elle avait, elle-même, exportée chez nous avec son lot de morts, de déplacés et de réfugiés", souligne le média malien dans un article intitulé "L'Algérie, c'est le Nord-Mali !" Son auteur Makan Koné ajoute que "croire que l'Algérie est une alternative crédible est une erreur qui risquerait de nous être fatale et nous faire perdre totalement le Nord".

« Le Mali a, aujourd'hui, besoin de tout le monde, écrit-il, tout en appelant à éviter les ruptures qui pourraient coûter cher à notre pays, et à accepter de renégocier en mettant en avant "nos intérêts. Rien que nos intérêts !".

"Comme si l'Algérie se découvrait, subitement, une nouvelle amitié avec le Mali, qu'elle devienne, comme par enchantement, reconnaissante, et oubliait tout ce que ce pays subit encore pour avoir eu la malchance de l'avoir comme voisin", relève l'auteur de l'article.

"Tout cela peut se comprendre. Mais que nous, Maliens, devenions, tous, amnésiques, oublions tout ce qui se passe au Nord de notre pays par la faute de cette même Algérie, est à la fois inexplicable et indicible, à la limite, inqualifiable", a-t-il martelé.

« Où était l'Algérie quand le Nord du Mali (donc le Sud de l'Algérie, comme ils aiment à le dire, eux-mêmes) tombait dans l'escarcelle des terroristes ? Où était-elle quand on assassinait des dizaines de jeunes militaires maliens à Aguel-hoc ? Quand on égorgeait nos préfets et sous-préfets à Kidal ?, s'est encore interrogé l'auteur de l'article.

Suit une série d’interrogation : « Où était l'Algérie, que faisait-elle, quand les Iyad et autres, qu'elle hébergeait, venaient commettre les crimes les plus odieux sur notre territoire et traversaient, tranquillement la même frontière dans l'autre sens ? Où était l'Algérie quand des colonnes de terroristes, lourdement armés, menaçaient d'attaquer MoptiSégou et Bamako, en 2013, et qu'il a fallu l'intervention de la France pour les stopper aux environs de Konan ? Elle faisait quoi pendant que la souveraineté et l'intégrité de notre pays fondaient comme beurre au soleil ? Pendant que des hordes de terroristes et autres narcotrafiquants nous privaient, sans coup férir, des 2/3 de notre territoire ? » .

Aussi, l'Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d'Alger, qui divise tant les Maliens, a-t-il été inspiré par qui ? Qui en est le garant ? Et si on parlait, d'ailleurs, de ce fameux "processus d'Alger". Que l'Algérie nous dise, simplement, ajoute-t-il, quel jour elle a mis, face à face, les rebelles et le gouvernement malien pour négocier, point par point, ce fameux accord ?! Cela ne s'est jamais passé !, a lancé la publication malienne.

« Elle (l'Algérie) veut juste profiter de cette brouille pour faire partir de ses frontières la France dont la présence la gêne énormément », a fait noter M. Makan Koné, ajoutant que "l'Algérie n'aurait simplement pas dû exporter sa rébellion chez nous. Encore moins servir de base arrière (comme c'est encore le cas) pour ses principaux acteurs".

Par ailleurs, a-t-il poursuivi, "pour revenir à l'Accord, aujourd'hui, par la faute de l'Algérie qui l'a initié, c'est la principale pomme de discorde entre nous Maliens, pour la simple et bonne raison que le problème que pose ce document, c'est son inapplicabilité".

"Ce n'est pas la volonté qui manque à nos autorités, mais, l'impossibilité de mettre en œuvre ce document qui consacre la partition du pays, à travers un fédéralisme qui ne dit pas son nom", note-t-il.

L'auteur a fait observer que l'Algérie « ne cherche que ses intérêts ». "Sinon, pourquoi Lamamra n'a pas tenu ses propos en Algérie et qu'il a préféré le faire, ici, à Bamako, sur les ondes de notre média public", s'est-il enfin interrogé, précisant que "lui et les autorités de son pays « sont dans une conflictualité artificielle avec la France pour un besoin de légitimité interne ».

 

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