Le cadeau de l’Occident aux talibans, un milliard d'euros

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Des diplomates occidentaux avec des membres talibans lors d'une rencontre, le 12 octobre 2021 à Doha, au Qatar (Crédit photo AFP).

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Les talibans afghans ont rencontré pour la première fois une délégation conjointe des Etats-Unis et de l'Union européenne (UE) mardi à Doha, le jour même où les dirigeants du G20 se sont engagés à travailler ensemble pour éviter une catastrophe humanitaire en Afghanistan. Avec à la clé une promesse de 1 milliard d’euros (10,5 milliards de dhs).

L'UE a elle promit, lors du sommet virtuel du G20 organisé par l'Italie, de fournir une aide humanitaire d'un milliard d'euros à l'Afghanistan, où les talibans ont pris le pouvoir le 15 août.

Confrontés à la paralysie de l'économie et l'imminence d'une grave crise humanitaire, les talibans cherchent à obtenir un soutien international, bien que leur régime ne soit pas encore reconnu par aucun pays. 

Les pourparlers directs à Doha entre représentants des talibans, de l'UE et des Etats-Unis ont été facilités par le Qatar, pays proche des talibans.

Ils devraient "permettre aux Etats-Unis et aux Européens d'aborder des problèmes" tels que la liberté de déplacement pour les personnes désirant quitter l'Afghanistan, l'accès à l'aide humanitaire et les droits des femmes, selon la porte-parole de l'UE, Nabila Massrali.

A l'ouverture du sommet du G20, l'UE a promis un milliard d'euros, dont une partie est destinée aux besoins humanitaires urgents et aux voisins de l'Afghanistan qui avaient accueilli les Afghans fuyant les talibans 

"Une aide spécialisée pour les vaccinations, l'hébergement, ainsi que la protection des civils et des droits humains" est également prévue, a-t-elle précisé.

"Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter un effondrement humanitaire et socio-économique majeur en Afghanistan", a lâché la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

"Agir rapidement" 

Les dirigeants du G20 ont réaffirmé leur promesse d'apporter de l'aide humanitaire à Kaboul, tout en rappelant qu'ils restaient "extrêmement concentrés" sur la lutte contre le terrorisme, a indiqué la Maison Blanche.

Le régime taliban est lui-même confronté à la menace du groupe jihadiste Etat islamique qui a mené une série d'attaques meurtrières en Afghanistan ces derniers mois.

Le chef du gouvernement italien Mario Draghi a souligné que le G20 envisageait "un mandat général" à l'ONU afin de superviser la réponse internationale aux problèmes socio-économiques de l'Afghanistan.

Mais selon lui, il est encore "tôt" pour une reconnaissance du régime des talibans bien qu'une "sorte d'implication" de leur part serait nécessaire pour fournir l'aide à leur pays.

La France s'est montrée "inquiète de l'isolement économique du pays" et des "600.000 déplacés", des facteurs pouvant avoir un "effet déstabilisateur".

En amont des discussions de Doha, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a affirmé que l'UE cherchait avant tout à prévenir un "effondrement" de l'Afghanistan. "Nous ne pouvons pas nous contenter de regarder et d'attendre. Nous devons agir, et rapidement".

Samedi à Doha, les talibans ont rencontré des responsables américains, premier face à face depuis la prise du pouvoir à Kaboul. Leur chef de la diplomatie, Amir Khan Muttaqi, a ensuite appelé les Etats-Unis à établir de "bonnes relations" et à ne pas "affaiblir l'actuel gouvernement afghan".

"Une réalité" 

Présent aux entretiens de Doha, Martin Longden, chargé d'affaires britannique en Afghanistan avant l'évacuation de son ambassade, a rappelé que son pays avait "insisté pour agir" sur les questions de "contre-terrorisme, de liberté de mouvement et de droits humains, dont l'éducation pour les filles".

La reprise du pouvoir par les talibans est une "réalité dont nous devons tenir compte. Le plus important maintenant est d’interagir avec eux", a déclaré à Doha Mutlaq al-Qahtani, émissaire spécial du Qatar pour l'Afghanistan, esquivant une question sur la reconnaissance éventuelle du régime des talibans par son pays.

La "priorité maintenant est la situation humanitaire, l'éducation et la libre-circulation" des personnes souhaitant quitter l'Afghanistan, a-t-il dit à l'ouverture du Global Security Forum. 

Les Etats-Unis ont envahi l'Afghanistan en 2001 et fait chuter le régime des talibans, en réponse aux attentats du 11-Septembre planifiés par le réseau jihadiste Al-Qaïda depuis l'Afghanistan, alors contrôlé par les talibans. Les troupes américaines se sont retirées fin août dernier.

La prise de pouvoir par les talibans a entraîné l'évacuation d'Afghanistan de plus de 100.000 personnes qui redoutaient des exactions ou des actes de vengeance de la part des nouveaux maîtres du pays.

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