Les indépendantistes catalans dans la rue avant des négociations avec Madrid

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Des manifestants pro-indépendance défilent à Barcelone, en Espagne, le 11 septembre 2019

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A quelques jours de la reprise de négociations avec Madrid, les indépendantistes catalans manifestaient samedi dans les rues de Barcelone, sur fond de division du mouvement quatre ans après l'échec de la tentative de sécession de 2017.

Avec pour slogan "Battons-nous pour gagner l'indépendance", cette manifestation avait été convoquée pour la "Diada", fête de la Catalogne devenue depuis une décennie le théâtre de grandes manifestations indépendantistes.

Comme chaque année, elle s'est élancée à 17H14 (15H14 GMT) précises, en commémoration de la prise de Barcelone le 11 septembre 1714, lors de la Guerre de Succession d'Espagne, par les troupes du roi d'Espagne Philippe V. 

Au plus fort de la montée de l'indépendantisme en Catalogne, la "Diada" avait rassemblé 1,8 million de séparatistes en 2014 mais ces dernières années, la mobilisation a chuté jusqu'à tomber à 600.000 en 2019, selon la police municipale. Aucun chiffre de participation n'était encore disponible samedi.

"Découragement"

Mais juste avant le défilé, durant lequel ont résonné les slogans "Indépendance" et "Dehors, les forces d'occupation", en référence aux forces de l'ordre nationales, Narcís Vilar, retraité de 70 ans venu pour la première fois manifester seul, soulignait le "découragement" parmi les militants.  

Ses proches "n'ont pas cessé d'être indépendantistes mais ils en ont marre des politiciens" catalans, a-t-il dit à l'AFP, soulignant par ailleurs la "peur de la pandémie" pour expliquer la moindre mobilisation. La Catalogne a été cet été l'épicentre d'une nouvelle vague de Covid en Espagne.

La grâce en juin par le gouvernement des neuf dirigeants indépendantistes condamnés à la prison pour leur rôle en 2017 a par ailleurs fait perdre aux séparatistes un élément mobilisateur.

Depuis l'échec de la tentative de sécession de 2017, le mouvement séparatiste, toujours au pouvoir en Catalogne, est marqué par de profondes divergences sur la stratégie à adopter. Les plus modérés prônent le dialogue avec Madrid alors que les plus radicaux prônent toujours la sécession unilatérale comme en 2017. 

Cette tentative de sécession a été l'une des pires crises vécues par l'Espagne depuis la fin de la dictature franquiste en 1975. 

Malgré l'interdiction de la justice, le gouvernement régional de Carles Puigdemont avait organisé un référendum d'autodétermination qui avait été suivi d'une déclaration d'indépendance mort-née.

Madrid avait réagi en mettant la région sous tutelle et en arrêtant les leaders séparatistes qui n'avaient pas fui à l'étranger comme M. Puigdemont.

Négociations dans un climat tendu 

Cette "Diada" intervient avant la reprise prévue en fin de semaine prochaine de négociations entre le gouvernement de gauche de Pedro Sanchez et l'exécutif régional séparatiste de Pere Aragonès dont le parti ERC (Gauche Républicaine de Catalogne) est un allié-clé au parlement espagnol du gouvernement minoritaire de M. Sanchez.

Ces pourparlers, qui n'ont pu se tenir qu'une seule fois, juste avant le début de la pandémie, sont destinés à trouver une issue à la crise en Catalogne. 

Le Premier ministre Pedro Sanchez, qui a fait de la reprise du dialogue en Catalogne l'une de ses priorités, a indiqué samedi sur Twitter vouloir "avancer vers ce qui nous unit, travailler pour une Catalogne positive".

Mais les feuilles de route des deux parties sont diamétralement opposées, Madrid ayant déjà écarté les deux revendications clés des indépendantistes, à savoir un accord sur l'organisation d'un référendum d'autodétermination et l'amnistie totale des indépendantistes poursuivis pour la tentative de sécession de 2017.

Et pour ne rien arranger, les tensions ont été ravivées cette semaine: le gouvernement central a annoncé suspendre un projet controversé d'agrandissement de l'aéroport de Barcelone, en raison d'une "perte de confiance" dans le gouvernement régional séparatiste. Une décision qualifiée de "chantage" par M. Aragonès.

Mireia Nieto, étudiante de 21 ans venue manifester, se disait, elle, "totalement opposée à ce dialogue", résumant la position des séparatistes les plus virulents. 

"On ne peut pas dialoguer avec l'Etat espagnol (...) C'est un recul par rapport à tout ce que nous avons fait ces dernières années", insistait-elle, en référence à la tentative de sécession.