Macky Sall ne sera pas candidat, et sauvegarde la démocratie sénégalaise, exemplaire en Afrique

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Le président sénégalais Macky Sall à Paris, le 23 juin 2023. Il ne sera pas candidats mais compte mener son camp à garder le pouvoir. Un droit que seule la mauvaise foi peut lui contester. Et il faut compter sur M Sonko pour le faire (Photo Ludovic MARIN / AFP)

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Le président sénégalais Macky Sall ne sera pas candidat à la présidentielle de février 2024. C’est ce qu’il a annoncé dans un discours à la nation lundi soir. Peu importe aujourd’hui s’il a été tenté par un troisième mandat. Tout dans ses déclarations et dans la comportement de son camp créditait l’idée de cette tentation allant jusqu’à faire dire au Conseil constitutionnel que c’était possible même si la constitution limitait la présidence à deux mandats successifs. Il a mis fin fin au suspense et du coup désarmé son principal opposant de tous ses arguments qui lui servaient à mobiliser la rue sénégalaise. Les derniers affrontements de rue avaient fait officiellement 16 morts, 30 selon l’opposition.  M Sall a ainsi démenti tous les pronostics en faisant prévaloir la sagesse et du coup sauvegardé la démocratie sénégalaise, exemplaire en Afrique.

Depuis des mois, le chef de l'Etat entretenait le flou sur sa candidature, laissant les Sénégalais spéculer.

Après avoir été un dirigeant du mouvement contre la candidature pour un troisième mandat de son prédécesseur, Abdoulaye Wade, au pouvoir de 2000 à 2012, et avoir soutenu à de multiples reprises qu'il ne ferait que deux mandats, le président Sall refusait depuis plusieurs mois de lever le doute sur ses intentions et n'a placé aucun dauphin sur le devant de la scène.

Élu en 2012, réélu en 2019, il a fait réviser la Constitution en 2016. Elle stipule que "nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs". Ses opposants estiment donc qu'il finit ses deux mandats légaux.

Mais ses partisans le présentaient comme leur candidat en 2024, arguant que la révision a remis les compteurs à zéro. Pour lui, le débat sur le plan juridique est tranché en sa faveur. Restent les considérations politiques. Pas plus tard que samedi dernier Cinq cent douze dirigeants de collectivités territoriales du Sénégal ont déclaré à Dakar avoir signé une pétition réclamant la candidature de Macky Sall à l'élection présidentielle prévue le 25 février 2024.

Climat explosif 

Le climat était jusque là explosif au Sénégal. Le 1er juin, l'opposant Ousmane Sonko a été condamné à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs. Sa condamnation le rend en l'état actuel inéligible.

Elle a engendré début juin les troubles les plus graves depuis des années au Sénégal, faisant 16 morts selon les autorités, 24 selon Amnesty international et une trentaine selon l'opposition.

M. Sonko, qui jouit d'une grande popularité auprès de la jeunesse, n'a cessé de crier au complot du pouvoir pour l'écarter de l'élection présidentielle de février 2024, ce que le pouvoir réfute. Il est bloqué par les forces de sécurité chez lui à Dakar, "séquestré" selon lui, depuis le 28 mai.

Dans une vidéo dimanche soir sur les réseaux sociaux, l'opposant a appelé les Sénégalais à manifester "massivement" les prochains jours. "Nous devons sortir pour affronter le régime de Macky Sall et dire que ce ne sera pas à lui de choisir les candidats qui devront s’affronter pour la prochaine élection présidentielle", a-t-il déclaré.

Selon l'opposant, si le président ne se présente pas, ce serait pour mieux l'éliminer. En cas d'arrestation et s'il n'est pas libéré dans les deux heures, "j'appelle tout le peuple sénégalais à se lever comme un seul homme et à sortir massivement et cette fois-ci à en finir avec ce régime criminel", a-t-il dit. Mais aujourd’hui que M Sall  a fait part de ses intentions, le réquisitoire de M Sonko tombe en grande partie à l’eau. Cette façon de dire qu’il n’appartient pas au président sortant 

Samedi, devant des élus locaux qui ont fait une pétition pour le soutenir, M.  Sall a appelé sa famille politique à l'unité et à placer "l'intérêt général" et "l'intérêt de la coalition" devant toute autre considération.

"Mon combat et ma plus grande fierté est vraiment de vous conduire vers la victoire et de poursuivre notre politique économique au bénéfice de nos populations", a-t-il déclaré, soulignant que la feuille de route pour faire du Sénégal un pays émergent en 2035 était déjà "balisée" et appelant à faire face "aux tentatives de déstabilisation". Il laisse entendre ainsi qu’il mènera le combat électoral pour que son camp garde le pouvoir. Un droit que seule la mauvaise foi peut lui contester. Et il faut compter sur M Sanko pour le faire (Quid avec AFP)