Pas forcément un cadeau, la France ouvre ses archives sur la guerre d'Algérie pour ''regarder la vérité en face''

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Un village entier, Melouza, au sud de la Grande Kabylie, a été massacré le 29 mai 1957 par le FLN

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Pour "regarder la vérité en face" sur la guerre d'Algérie, la France a décidé d'ouvrir "avec 15 ans d'avance" les archives judiciaires de l'époque, a annoncé vendredi le gouvernement, poursuivant la politique des "petits pas" amorcée par Emmanuel Macron.  Ce n’est pas forcément un cadeau. Cette ouverture peut dévoiler bien des surprises pour le récit national construit par le FLN et les généraux qui ont captivé à leur seul profit les sacrifices et les souffrances du peuple algérien. Des mythes pourront tomber et des héros démystifiés. Des crimes dévoilés aussi, dans leur détail, tel le Massacre du village de Melouza au sud de la Grande-Kabylie

Roselyne Bachelot ministre française de la Culture qui s’exprimait à cette occasion sur BFM Tv" ne s’y est pas trompé : On a des choses à reconstruire avec l'Algérie, elles ne pourront se reconstruire que sur la vérité", a-t-elle défendu sur BFMTV, peu après avoir annoncé l'ouverture des "archives sur les enquêtes judiciaires de gendarmerie et de police" en rapport avec la guerre d'Algérie (1954-1962).

"Je veux que sur cette question -qui est troublante, irritante, où il y a des falsificateurs de l'Histoire à l'œuvre- je veux qu'on puisse la regarder en face. On ne construit pas un roman national sur un mensonge", a argué la ministre, qui a dans son périmètre la question des archives. 

Cette déclaration intervient deux jours après la visite à Alger du chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, pour tenter de désamorcer une crise d'une rare gravité entre les deux pays en cours depuis plusieurs mois.

"C'est la falsification qui amène toutes les errances, tous les troubles et toutes les haines. A partir du moment où les faits sont sur la table, où ils sont reconnus, où ils sont analysés, c'est à partir de ce moment-là qu'on peut construire une autre histoire, une réconciliation", a-t-elle poursuivi.

Interrogée sur les conséquences de cette décision, notamment sur la possible confirmation à venir d'actes de torture commis par l'armée française en Algérie, "c'est l'intérêt du pays que de le reconnaître", a ajouté Mme Bachelot.

Cette annonce s'inscrit dans la politique de réconciliation mémorielle initiée par le chef de l'Etat, Emmanuel Macron. Le 13 septembre 2018, il reconnaissait que la disparition du mathématicien et militant communiste Maurice Audin, en 1957 à Alger, était le fait de l’armée française et promettait à sa famille un large accès aux archives. 

"Quand Emmanuel Macron a rendu justice sur l'affaire Audin, il avait ainsi mis la France en face de la vérité", a rappelé Mme Bachelot.   

"On ne doit jamais avoir peur de la vérité, il faut la contextualiser. (...) Mais il faut la regarder en face", a-t-elle ajouté.