Présidentielle au Sénégal : Macky Sall se déclarera lundi, mettant fin à un faux suspens

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Le président sénégalais Macky Sall arrive à la session de clôture du sommet du nouveau pacte financier mondial, le 23 juin 2023 à Paris. (Photo Lewis Joly / POOL / AFP)

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Dakar – Le président sénégalais Macky Sall a annoncé samedi vouloir dire aux Sénégalais, ce lundi, s’il sera candidat ou pas à l’élection présidentielle de 2024. Avant de faire cette déclaration pour laquelle il a planté le décor de l’annonce de sa candidature en recevant cinq cent douze dirigeants de collectivités territoriales du pays venus samedi à Dakar pour réclamer a candidature de M Sall à l'élection présidentielle prévue le 25 février 2024.

Si sa candidature est un faux suspens et suscite des remous et de la désapprobation de l’opposition sénégalaise allant jusqu’à l’affrontement avec les forces de l’ordre, elle ne fait plus l’objet, si jamais il l’a fait, d’aucun doute

M. Sall a en effet fait valoir que seuls des facteurs politiques, et non constitutionnels, l'empêcheraient de se présenter, et a affirmé que son choix serait "libre et souverain".

Les Cinq cent douze dirigeants de collectivités territoriales du Sénégal ont déclaré samedi à Dakar avoir signé une pétition réclamant la candidature de Macky Sall à l'élection présidentielle prévue le 25 février 2024.

'’Nous […] sommes prêts à vous renouveler notre confiance pour l’intérêt, le bonheur et la gloire du Sénégal. C’est pourquoi nous signons cette pétition pour vous demander de vous présenter en 2024’’, a dit Malick Ndiaye, le maire de Gagnick, dans la région de Kaolack (centre), en lisant le texte tenant lieu de pétition, en présence du chef de l’Etat, au palais de la République à Dakar.

Une ‘’plateforme de concertation, de réflexion et d’action’’ sera créée par les maires et les présidents de conseil départemental signataires de la pétition, a ajouté M. Ndiaye.

La candidature de Macky Sall est ‘’une obligation pour la paix et la stabilité’’ du pays, soulignent les pétitionnaires.

‘’Nous sommes convaincus qu’un nouveau mandat de Macky Sall est indispensable…’’ ajoutent-ils, affirmant que l’actuel chef de l’Etat, au pouvoir depuis 2012, ‘’a besoin de cinq ans seulement pour rendre irréversible l’émergence’’ du Sénégal.

‘’Ces personnalités viennent vous prier d’être leur candidat […] Vous êtes le leader dont nous avons besoin’’, a dit Mor Ngom, le président de la chambre des élus de l’APR, le parti politique de Macky Sall.


Selon un communiqué de l’Association des maires du Sénégal et de son homologue des présidents de conseil départemental, tous ou presque des militants de partis politiques de la coalition Benno Bokk Yaakaar, que dirige Macky Sall, la pétition a été signée par 87 % des maires du pays et 84 % des dirigeants des conseils départementaux.

Sans avancer une date, M. Macky Sall a annoncé la semaine dernière qu’il dirait, après la Tabaski, fête de l'Aid Adha, s’il serait candidat ou pas.

En les recevant samedi après-midi au palais de la République, il a annoncé vouloir dire aux Sénégalais, lundi prochain, s’il sera candidat ou pas à l’élection présidentielle de 2024.

Devant des élus locaux qui ont signé la pétition s'engageant à le soutenir, il a appelé à l'unité. "L'enjeu du moment est d'abord d'être uni. Uni, il n'y a aucune force politique qui peut faire face à Benno Bokk Yaakkar (BBY)", la coalition présidentielle, a-t-il déclaré, exhortant ses soutiens à placer "l'intérêt général" et "l'intérêt de la coalition" devant toute autre considération.

"Mon combat et ma plus grande fierté est vraiment de vous conduire vers la victoire et de poursuivre notre politique économique au bénéfice de nos populations", a-t-il ajouté, mettant en avant son bilan et soulignant que la feuille de route pour faire du Sénégal un pays émergent en 2035 était déjà "balisée".

L’opposition affirme qu’un 3ème mandat serait une violation de la Constitution.

Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, affirme, au contraire, par que la loi fondamentale l’autorise à présenter sa candidature au scrutin présidentiel de 2024. Il se fonde en cela sur un avis du Conseil constitutionnel qui affirme que la réforme de la constitution de 2016, quatre ans après son arrivée au pouvoir, ne s’applique pas à son premier mandat.

Cette annonce, même si sa teneur est couru d’avance, est très attendue au Sénégal où l’opposition est aux aguets. La condamnation à deux ans de prison de l'un de ses principaux opposants, Ousmane Sonko, son principal opposant et challenger, a contribué à créer un climat explosif.

Sa condamnation dans une affaire de mœurs, qui le rend en l'état actuel inéligible, que M Sanko qualifie de complot pour l’empêcher de se présenter, a engendré début juin de graves troubles, faisant 16 morts selon les autorités, 24 selon Amnesty international et 30 selon l'opposition.