Tir de missile dans l'espace perturbant la Station spatiale Internationale, Washington accuse, Moscou rassure

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La Station spatiale internationale le 7 mars 2011

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Quid avec AFP

La Russie a assuré mardi que sa "priorité principale" était la sécurité de la Station spatiale internationale, après que Washington l'a accusée d'avoir mené un tir de missile antisatellite ayant mis en danger l'équipage de l'ISS.

L'agence spatiale russe, Roscosmos, a précisé que "seuls des efforts communs de toutes les puissances spatiales pourront assurer une coexistence aussi sûre que possible et les opérations dans le domaine spatial".

Selon les Etats-Unis, Moscou a fait feu lundi depuis la Terre sur l'un de ses propres satellites lors d'un test de missile qui a généré un "nuage" de débris potentiellement dangereux pour la station orbitale et foule de satellites. L’épisode, s'il est confirmé, met en lumière les risques d'une militarisation du cosmos. 

Après le tir présumé, les sept personnes actuellement à bord de l'ISS ont dû se réfugier temporairement dans leurs vaisseaux afin de se préparer à une éventuelle évacuation d'urgence. 

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La Station spatiale internationale

Selon l'agence de presse publique russe TASS, des responsables de la NASA doivent s'entretenir dans la matinée avec le chef de Roscosmos, Dmitri Rogozine.

La veille, le patron de l'agence spatiale américaine, Bill Nelson, s'est dit "scandalisé" par une action "déstabilisatrice". 

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a lui soutenu que ce champ de débris allait menacer les activités spatiales "pour des décennies". Il a aussi promis que les Etats-Unis allaient "travailler" avec ses alliés pour répondre à "cet acte irresponsable".

Le Pentagone a lui déclaré qu'il allait œuvrer pour établir la trajectoire orbitale des débris, afin de prévenir des collisions.

Militarisation de l'espace 

L'incident a relancé les craintes de voir l'espace se transformer en un champ de bataille entre les grandes puissances, avides d'expérimenter de nouvelles technologies militaires.  

Des tirs test antisatellites n'avaient été menés jusqu'ici que par une poignée de nations --Etats-Unis, Chine, Inde… , tandis que Moscou proclamait sans cesse haut et fort lutter contre toute tentative de militariser l'espace. 

Selon l'expert militaire russe Pavel Felgenhauer, Moscou n'a toutefois jamais caché disposer de système pouvant atteindre l'espace depuis la Terre, citant notamment les systèmes de défense S-500 et S-550, capables selon l'armée russe de réduire à néant des satellites.

"La Russie a toujours dit qu'elle était contre le déploiement d'armes dans l'espace, mais pas qu'elle était contre l'utilisation d'armes dans l'espace", nuance l'expert du journal Novaïa Gazeta, précisant qu'il n'y avait pas d’interdiction "formelle" dans le droit international pour ce type d'usage depuis la planète.

Le tir présumé de lundi a généré quantité de débris menaçant les milliers d'autres satellites en orbite, sur lesquels les pays comptent pour de très nombreuses activités, par exemple de communication ou encore de localisation. 

Détruire des satellites d'autres pays ou mener des offensives depuis l'espace peuvent se révéler être des atouts militaires stratégiques, mais le développement de telles capacités risquent d'entraîner une course aux armements aux conséquences imprévisibles.

Le domaine spatial civil est l'un des ultimes secteurs où Américains et Russes, vivement opposés dans de nombreux dossiers internationaux, entretiennent une coopération relativement apaisée. 

Ces dernières années, des tensions sont néanmoins apparues, conséquences des dynamiques géopolitiques sur Terre, Moscou et Pékin disant vouloir approfondir leur collaboration spatiale face à un axe de puissances occidentales.

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