chroniques
Ghannouchi : Digne ou indigne de confiance
Annahda tunisien a vot? la ??s?paration du politique et du religieux??. La d?marche n?est en rien un gage de suret?. Au premier renversement des rapports de force, les islamistes renoueront avec leurs premi?res amours
La formation islamiste tunisienne Annahda de Rached Ghannouchi ?a vot? lors de son dernier congr?s ??la s?paration du politique et du religieux??. Une id?e que le leader historique de ce parti m?rit depuis 2014. Elle a ?t? adopt?e par plus de 90 % des voix des 1200 congressistes de cette grand-messe islamiste qui s?est tenu pr?s de Tunis du 20 au 22 juillet, tandis que Rached Ghannouchi a ?t? r??lu pr?sident du parti avec 75,6% des votes. Pratiquement un pl?biscite pour cet homme qui a pendant 30 ans repr?sent? l?unique opposition cr?dible et populaire, d?abord ? Habib Bouguiba puis ? Zine El Abidine Ben Ali qui l?a contraint ? un long exil. Mais il ne faut pas croire que la majorit? des d?l?gu?s islamistes et moins encore leurs bases y ont adh?r? par une profonde conviction qui peut d?boucher sur la la?cit?. S?ils ont suivi leur leader c?est parce qu?ils ont confiance en son sens aigu de la tactique et de l??chine souple. Toute sa carri?re montre son aptitude ?? faire des va-et-vient entre la flexibilit? et l?intransigeance. ?
Deux ?v?nements majeurs ont pouss? les islamistes ? se v?tir des oripeaux de la mod?ration et de la modernit?. L?un, interne, est la capacit? de r?sistance de la soci?t? tunisienne ? la d?ferlante islamiste. Toutes tendances hostiles ? l?islamisme confondues, les Tunisiens ont su taire au moment opportun leurs divergences pour y faire face. Le second, externe, est le retournement des militaires ?gyptiens contre les fr?res musulmans de leur pays. La man?uvre du mar?chal Sissi les a contraints ? revoir ? la baisse leurs pr?tentions de peur que la Tunisie soit le th??tre de la r??dition du sc?nario ?gyptien.
La d?marche, par excellence tacticienne, n?est en rien un gage de suret?. Au premier renversement des rapports de force, les troupes de Rached Ghannouchi, et Rached Ghannouchi lui-m?me, renoueront avec leurs premi?res amours. Il suffit de voir l??volution du Turc Recep Tayyip Erdogan, une source d?inspiration in?puisable pour l?AKP marocain Abdalilah Benkirane, ?et ?l?inclinaison naturelle du pr?sident turc ? de plus en plus d?autoritarisme, de r?pression tout azimut et d?islamisation de la soci?t? pour s?en convaincre. A leur arriv?e, les homonymes turcs du PJD marocain juraient leurs dieux qu?ils ne toucheront pas ? un seul cheveu de la la?cit? qui est l?un des sacro-saints de la constitution actuelle de la Turquie. Il n?en est plus rien aujourd?hui. Profitant de l??laboration du projet d?une nouvelle constitution tendant ? faire d?Erdogan la r?incarnation du sultan ottoman Soliman le Magnifique, le pr?sident du parlement turc, Ismail Kahramane, ?faisant semblant de ne relever qu?un constat, a d?clar? : ??Nous sommes un pays musulman, par cons?quent, il faut faire une Constitution religieuse.?? Un ballon d?essai qui a re?u l?accueil qu?il m?ritait contraignant le naturel th?ocratique ? ralentir, momentan?ment, son galop de retour.