chroniques
Sahara - Une opportunité pour la fin du conflit
Parce qu?il faut faire des contraintes une opportunit?, les Sahraouis, qu?ils soient install?s ? l?int?rieur du territoire marocain ou ? Tindouf, ont, objectivement, tout int?r?t ? faire un pas vers la paix et ? n?gocier s?rieusement l?offre d?autonomie ?largie faite par le Maroc il y a plus de dix ans. Le dernier congr?s du front Polisario a montr? clairement les difficult?s de la direction de ce front ? offrir une perspective ? ceux qui, dans les camps, ont adh?r? ? la th?se s?paratiste. Les difficult?s sont bien r?elles parce que ce conflit est un h?ritage d?une ?re r?volue, celle de la guerre froide, qu?il n?a plus aucun sens aujourd?hui et que l?ensemble de l?environnement a chang?.
En juin 2005, le Quotidien d?Oran, journal alg?rien peu suspect de s?dition, alertait sur le r?le de ce conflit face ? la menace terroriste et le changement que cela induit dans les politiques des puissances r?gionales. Ce papier, pr?monitoire, mettait d?j? en garde contre le statu quo et l?enlisement, dans un contexte qui change.
Aujourd?hui, c?est la jeunesse des camps de Tindouf qui est en premi?re ligne. Cette jeunesse qui vit dans les camps gr?ce ? une aide internationale et qui a les m?mes aspirations que toutes les jeunesses du monde, trouve que l?absence de perspective politique est intenable. Elle sait pourtant d?crypter l?actualit? et lire les changements de l?environnement. Le blocage diplomatique n?est qu?un leurre. Les jeunes savent que la menace terroriste a totalement chang? la donne.
Auparavant, les puissances segmentaient leurs rapports aux Etats du Maghreb. Maintenant, leur priorit? est d??viter une d?stabilisation de la r?gion, parce que celle-ci signifierait une recrudescence des risques s?curitaires pour l?Europe. Le conflit du ?Sahara Occidental?, bien que non arm?, est devenu, en premier lieu, un enjeu s?curitaire. Ces jeunes lettr?s, parce que la culture hassanie est celle d?une transmission orale tr?s inspir?e, savent aussi que les pays ?sponsors? du Polisario sont en crise. En Alg?rie, comme au Venezuela, la crise ?conomique s?approfondit suite ? la chute du cours des hydrocarbures, mais elle est surtout jumel?e avec un climat d?attentisme sans pr?c?dant. En d?autres termes, ces deux pays n?ont plus les moyens de faire de la ?cause? du Polisario une priorit?. D?ailleurs, en Alg?rie, des voix s??l?vent pour abonder dans ce sens. Si les dirigeants du Polisario sont sensibles ? la situation des populations de Tindouf, ils devraient int?grer tous ces changements ? leur r?flexion.
Car au Sahara, les choses vont tout ? fait autrement. En quarante ans, toute la population a ?t? s?dentaris?e et urbanis?e. Des investissements colossaux ont ?t? r?alis?s, pour rattraper le niveau de d?veloppement des provinces du Nord du Maroc. Quand le Roi se d?place au Sahara, ce n?est jamais en chef de guerre. Dans son avion, il y a des ministres et des hommes d?affaires porteurs de projets. Ceux annonc?s en 2006 ont ?t? r?alis?s et ont permis une avanc?e s?rieuse du tissu productif. Lors des derni?res visites en 2015 puis cette semaine encore, un programme portant sur des milliards de dollars a ?t? mis en place. Autant de projets qui vont b?n?ficier aux populations locales, y compris les s?paratistes eux-m?mes qui voient bien que personne d?autre n?apporte d?offre s?rieuse et concr?te sur le terrain. Les jeunes vivant au Sahara ont acc?s ? l??ducation, ? la recherche, ? l?entreprise, ? l?action politique dans le cadre d?une d?mocratie en construction. Dans ce cadre, on peut citer le projet des ?nergies renouvelable Noor I. Ce m?ga projet sera la plus grande centrale au monde. Le Maroc souhaiterait porter ? 52% la contribution des ?nergies renouvelables ? la production ?lectrique ? l?horizon 2030. Ce Grand projet, que le Roi Mohammed VI a inaugur?, s?inscrit dans la perspective de la coop?ration africaine et permettra de soutenir les industries naissantes au Sahara et de consolider un d?veloppement durable, respectueux de l?environnement, au profit des populations et des g?n?rations futures, comme recommand? par la COP21 ? Paris.
Il y a l? un vrai projet de d?veloppement, qui am?liore r?ellement la vie des populations. Profitant du programme de visites organis?es par l?ONU, qui permettait les retrouvailles des familles, une partie de ceux qui venaient de Tindouf a pr?f?r? rester au Maroc. Il n?y a pas eu un seul cas en sens inverse. C?est un signal tr?s fort qui montre que cette population aspire ? une vie meilleure, m?me lorsqu?elle n?est pas d?accord avec l?offre marocaine. La jeunesse r?ve d?autre chose que de la vie dans des camps gr?ce ? l?aide internationale.
Tous les changements plaident en faveur de la fin d?un conflit n? dans le cadre de la guerre froide et qui n?avait de sens que dans ce cadre. C?est aux jeunes des camps de lutter pour leurs aspirations. Cela passe par la fin de l?immobilisme politique et la recherche d?une solution pacifique. C?est possible parce que ce conflit n?a pas g?n?r? de haine, ni entre les peuples, marocain et alg?rien, ni vis-?-vis des s?paratistes.
Pour les jeunes de Tindouf c?est l?opportunit? de faire entendre leur voix, pour enterrer un conflit qui n?a plus aucun sens. Et puis, au sein de la direction du Polisario elle-m?me, il y a des voix sages qui ont compris que le contexte qui a donn? naissance ? ce conflit a compl?tement chang?.
Reste maintenant ? d?terminer le r?le de la communaut? internationale et des pays les plus proches du conflit et plus particuli?rement l?Espagne et la France qui, par le fait des liens historiques qu?elles avaient avec la r?gion, gardent toujours une certaine influence culturelle parmi les habitants. Il s?agit d?une culture partag?e qui peut ?tre employ?e dans le sens de la r?solution de ce conflit et entreprendre enfin la construction du Grand Maghreb dont la prosp?rit? profitera ? l?Europe enti?re.