chroniques
Campagne de boycott : La cible !
S’il y a quelqu’un à épingler dans cette histoire des prix des carburants c’est bien l’ancien chef du gouvernement qui est venu fièrement au parlement nous vendre la décompensation et la libération des prix des produits pétroliers comme un acte patriotique inédit
Dès le lancement de la campagne de boycott d’Afriquia, Sidi Ali et la Centrale laitière, la cible était claire comme l’eau de roche. Aziz Akhannouch, ministre, riche entrepreneur et président de parti. A la limite on peut imaginer que ses deux compagnons de campagne font figure de diversion. Depuis que cet homme a pris sur lui de reconstruire le RNI et de se positionner en principal rival du PJD, les coups de toutes sortes se sont mis à pleuvoir. Parfois à visage découvert, souvent à l’abri de l’anonymat. L’anonyme d’aujourd’hui qui a lancé l’assaut contre le président du RNI est pour certains le PAM menacé de rester à la marge de la scène politique. C’est une hypothèse. D’autres pistes restent ouvertes. Mais la majorité penche pour les partisans de l’ancien chef du gouvernement, Abdalilah Benkirane. Ses amis, inconsolables, allaités au sein de l’hégémonisme politique, en veulent à Aziz Akhannouch, coupable à leurs yeux d’avoir sabordé la formation du gouvernement par leur adulé, sans se donner la peine d’analyser si c’est la fermeté du président du RNI ou l’entêtement fanfaronnant de l’ancien secrétaire général du PJD qui est à l’origine de ce cuisant échec. Dans cette énorme supercherie, il y a un grand tour de prestidigitation tant il est vrai que s’il y a quelqu’un à épingler dans cette histoire des prix des carburants c’est bien l’ancien chef du gouvernement qui est venu fièrement au parlement nous vendre la décompensation et la libération des prix des produits pétroliers comme un acte patriotique inédit.
Oui, la vie est chère au Maroc. Oui, la large majorité des Marocains peine à joindre les deux bouts. Oui, le classement de la classe moyenne supérieure situant autour de 6 mille dhs est absurde. Oui il y a dans notre beau pays des accointances peu innocentes, des arrangements coupables, des comportements condamnables, une éthique défaillante. Mais de là à les concentrer en un ou deux point focaux il y a un océan de mauvaise foi à franchir. Un noyau dur a lancé l’opération, le vice viral de la toile a fait le reste. Les activistes de différents horizons s’en sont emparés. Les spécialistes des sciences humaines, chacun dans son rayon, ont tout le loisir pour nous expliquer ce déferlement des frustrations et des haines sociales que je peux comprendre et qui explique également la dimension panurge de l’emballement. Ce que je ne comprends pas par contre c’est que des médias, notamment sur le web, transforment Mohamed Ziane en parangon de la vertu, certainement parce qu’ils ignorent ou ils ont oublié ce qu’il fut : un militant puis un avocat des années de plomb et ensuite un élu grâce au bourrage des urnes. Ce que je ne comprends pas non plus c’est que des cadres qui se sont indument nourris ou se nourrissent encore de l’Etat hurlent avec les loups. Non pas parce qu’au fond d’eux-mêmes ils condamnent, mais parce qu’ils n’ont pas atteint ce qu’ils croient leur être dû. Enfin, ils ont bonne mine ces chefs de parti qui surfent sur la vague, parce que c’est accommodant et surtout parce qu’ils ne savent rien faire d’autre, alors que dans le cambouis ils ont la main jusqu’aux épaules.