chroniques
De la modération et du JIHAD, le vrai, le bon – Par Samir Belahsen
Du football près des décombres après un tremblement de terre dévastateur, dans le village d'Afella Igir dans la région d'Amizmiz, le 16 septembre 2023. Y a-t-il meilleure d’oublier pour un temps sa douleur et sa colère ? Le tremblement de terre de magnitude 6,8, a rasé des villages entiers le 8 septembre et laissé des dizaines de milliers de personnes sans abri, faisant près de 3 000 morts et plus de 5 600 blessés. (Photo FETHI BELAID / AFP)
“ Le regard moderne sait voir la gamme infinie des nuances.”
Guy de Maupassant / La vie errante
“ On peut être modéré avec des opinions extrêmes. ”
Louis de Bonald
La période que notre pays traverse est pour le moins tendue et anxiogène. Les défis sont énormes devant la catastrophe. Il s’agit de la lutte contre la mort qui guette des milliers de citoyens. Sauver, nourrir, reloger et surtout redémarrer la vie…en finir le plus tôt possible. Il y a aussi des entrepreneurs de colère et des profiteurs des misères humaines.
Face au délire de la France et plus particulièrement de ses médias sans retenue ni décence, notre défilé des contradicteurs et experts n’a pas encore ralenti. Dans une sorte de colère collective contre l’ancien colonisateur, la modération, à quelques exceptions, est la grande absente. Albert Camus parlait du devoir d’hésiter. Il disait : « nous étouffons parmi les gens qui pensent avoir absolument raison ».
Jean Birnbaum, directeur du Monde des livres, avait publié en 2021 Le courage de la nuance. Pour lui, devant les évidences ressassées et les vérités assenées, il n’y a rien de plus radical que la nuance, rien n’est plus nécessaire que l’équilibre dans ses certitudes ou ses convictions.
Camus disait : « En fait, l’équilibre est un effort et un courage de tous les instants. La société́ qui aura ce courage est la vraie société́ de l’avenir. »
Je pense que dans notre société contemporaine caractérisée par des changements rapides et des opinions polarisées, la nécessité de la nuance et de la modération se fait de plus en plus importante.
Le problème, c’est que les technologies numériques amplifient les voix divergentes et les extrêmes, alors qu’il est essentiel d'aborder les problèmes de notre époque avec une perspective nuancée et une approche modérée.
Les enjeux sociaux, politiques, environnementaux et technologiques complexes nécessitent une analyse nuancée. La simplification excessive des problèmes conduit à une compréhension tronquée et à des décisions inadéquates.
Les opinions extrêmes notamment sur les réseaux sociaux exacerbent les divisions sociales.
Seule la nuance permet de tenir compte de la diversité des points de vue. La nuance est, pour moi, d’abord une nécessité démocratique.
La modération nous permet de prendre du recul et de faire preuve de rationalité.
Les émotions exacerbées peuvent conduire à des actions impulsives et irréfléchies.
La modération favorise l'écoute et l'échange respectueux des idées dans un dialogue constructif
Elle permet de prévenir les conflits et d'encourager la recherche de consensus.
La modération contribue à éviter les excès et les dérives radicales. Elle favorise la cohésion sociale en proposant des compromis équitables.
La nuance permet d'explorer différentes perspectives et d'approfondir la compréhension.
La modération nous aide à évaluer les informations de manière critique et à éviter les jugements hâtifs.
La nuance facilite la compréhension mutuelle et le respect des différences.
La modération permet de préserver la courtoisie et de bâtir des ponts entre les individus.
La nuance et la modération sont indispensables dans les temps modernes pour faire face aux enjeux complexes, lutter contre les polarisations excessives et rechercher des solutions durables. La synergie entre la nuance et la modération renforce notre capacité à construire une société basée sur une compréhension approfondie, un dialogue constructif et une gestion équilibrée des passions. Il est essentiel d'encourager l'adoption de ces valeurs afin de créer un monde plus éclairé et harmonieux.
Tout en étant fiers de la résilience de notre pays et de ses institutions, fiers de l’élan de solidarité, nous devons rester lucides. Un grand chantier nous attend, UN JIHAD AKBAR pour reprendre l’expression de feu Mohammed V, pour reloger dignement les sinistrés, mais aussi réduire ces inégalités régionales, améliorer les équipements, sécuriser les oueds …un peu partout au Maroc mais surtout dans les fiefs de la pauvreté.