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De Mandela à Zouma : La malédiction africaine
Pour la succession à la tête de l’ANC, Ramaphosa a eu raison de Zuma l’ex-épouse, ce qui lui a ouvert la voie de la présidence, mais de justesse
Cyril Ramaphosa a enfin réussi à mettre fin au règne de Jacob Zuma sur l’Afrique du Sud. « L’enfant chéri » de Nelson Mandela signe ainsi, en principe, l’ouverture d’un nouveau chapitre de l’ère post apartheid et de la domination de l’ANC sur la vie politique du pays pour que le congrès national africain puisse perpétuer sa main mise. Jacob Zuma et ses amis menés par l’ex-épouse de l’ex-président, Dlamini Zuma que les Marocains connaissent bien pour ses menées hostiles à l’unité territoriale du royaume, ont résisté autant qu’ils pouvaient pour retarder l’échéance de la destitution ou de la démission, mais l’inéluctable a fini par advenir. S’ils ont à la fin accepté le départ de leur chef de clan, ils ont tout fait pour barrer le chemin à Cyril Ramaphosa et lui substituer une candidature de Dlamini Zuma afin de garder l’ANC et le pays entre les mains du clan du président destitué pour corruption avérée. Pour la succession à la tête du parti, Ramaphosa a eu raison de Zuma l’ex-épouse, ce qui lui a ouvert la voie de la présidence, mais de justesse. 179 voix seulement l’ont séparé de sa rivale. Ce qui fait que la tâche du nouveau président ne sera pas de tout repos. Ses adversaires continuent d’occuper des postes clés au sein du parti et ne rateront aucune occasion pour lui compliquer le travail d’assainissement qu’il entend mener à l’échelle du pays pour en finir avec les prévarications et la corruption.
L’ANC n’a plus l’aura et le prestige que lui ont légué sa lutte pour la fin de l’apartheid et la résistance d’un Nelson Mandela au rayonnement universel. Héritant d’un pays le plus riche, le plus structuré et le plus infrastructuré d’Afrique, l’ANC n’a pas échappé à la malédiction qui a frappé après les indépendances les pays du continent. Une élite boulimique et insatiable, une nouvelle classe de nouveaux riches qui étalent sans complexe leur aisance, des dirigeants corrompus et voraces, une pauvreté endémique pour l’écrasante majorité de la population qui croyait de l’émancipation signifiait l’égalité et l’aisance ont terni l’image d’un parti qui, même s’il n’était pas unique, en avait les comportements. Il ne fallait donc pas s’étonner qu’en 2016, lors des élections municipales, il subisse sa première grande défaite électorale, perdant au passage plusieurs grandes villes dont Johannesburg et Pretoria, respectivement capitale économique et politique du pays. Un vrai coup de semonce à moins de trois ans des élections générales prévues pour 2019. Dès lors il devenait urgent de sauver ce qui peut l’être encore du pouvoir et de la présence de l’ANC. Cyril Ramaphosa a pour lui son parcours d’homme que Nelson Mandela aurait aimé voir à sa place, d’homme qui s’est retiré de la politique pour fructifier ses affaires dans le privé et échapper ainsi à toute compromission dans les scandales financiers qui ont jalonné la présidence de Jacob Zuma. Président intérimaire d’ici à 2019, il promet « un nouveau départ » et « la fin de la corruption ». Si son discours devant le parlement a suscité l’enthousiasme de ses partisans, il a aussi croisé beaucoup de scepticisme. Le chalenge est énorme : convaincre en moins de deux ans que quelque chose a changé en Afrique de Sud pour devenir enfin un président élu en 2019.