chroniques
École : Hassad a tout faux
L'hymne national à l'école, cela ne mange pas de pain, si à la sortie les enfants ne maîtrisent pas les langues, les sciences, les arts. De bons citoyens, patriotes, et quasiment analphabètes, cela ne sert à rien
La rentrée scolaire a donné lieu à différentes annonces. Le nouveau ministre de l'éducation nous a affirmé qu'il n'y aura pas plus de 40 élèves par classe, que les tables seront acceptables que les écoles seront retapées... On espère que les toilettes dans les campagnes seront opérationnelles, aussi ridicule que cela puisse paraître, C'est l'une des raisons principale de déscolarisation des petites filles.
Dans le programme d'urgence d'Akhchichen il y avait beaucoup de phraséologie, sans consistance, dans celui de Hassad il n'est question que de conditions matérielles. On n’est pas sortis de l'auberge parce que depuis 40 ans l'effort budgétaire est conséquent et les résultats sont terriblement catastrophiques.
Il y a un chiffre qui serait intéressant à analyser et qui n'est pas public. Quel était le taux d'absence à la rentrée? Des parents en nombre ont préféré allonger les vacances de l aïd plutôt que de rentrer pour envoyer leurs enfants à l'école. C'est le premier de nos symptômes, les familles considèrent que l'école n'étant plus un ascenseur social, c'est juste une occupation de dépit pour les enfants, il n’y a pas lieu de faire du zèle. Il n'y a aucun moyen de combattre ce fléau autre que de refaire de l'école publique un lieu d'intégration mais aussi de promotion sociale.
Hassad est un fils du peuple, polytechnicien grâce à l'école publique. Qu'il se pose juste la question: combien de fils du peuple peuvent avoir son parcours dans les conditions d'aujourd'hui?
Nous avons tout faux depuis la COSEF. Feu Meziane Belfquih, à la fin de sa vie, le reconnaissait. On a accepté l'idéologisation De l'école comme un fait. On a répondu à la question que veut- on de l'école ? Par "l'éducation d'un citoyen attaché au patrimoine" c'est juste une sortie de piste monstrueuse. L'école est d'abord un lieu de transmission de savoir et un espace où l’on devrait apprendre à apprendre. Il y a bien évidemment des valeurs et on peut en discuter le contenu. Mais croire que c'est un matraquage autour de valeurs qui remettra l'école en marche, C'est inverser la hiérarchie des priorités de l'école. Au primaire on doit apprendre à lire, à écrire et à compter, l’apprentissage de l’islam modéré est juste un corolaire secondaire
La réalité aujourd'hui c'est que seuls les très pauvres mettent leurs enfants à l'école publique, qu'il n'y a plus aucune mixité sociale. Il est difficile de parler de civisme à des enfants qui se sentent stigmatisé parce qu'ils sont à l'école publique et en face les écoles privées, avec leur cortège de voitures de luxe, leur rappellent leur misère.
Le seul bon projet c'est celui qui réduirait l'enseignement privée à Epsilon. C'est possible en relevant le niveau d'exigence de l'école publique, En admettant une contribution des parents en cassant le conservatisme syndical en mobilisant et en motivant les enseignants. Pour qu'ils fassent au mieux leur métier, c'est à dire apprendre aux élèves, transmettre la connaissance.
Construire la citoyenneté n'est pas uniquement le rôle de l'école mais celui d'un système éducatif beaucoup plus large: Les hussards de la 3e république en France, n'est pas une expérience duplicable. L'hymne national à l'école, cela ne mange pas de pain, si à la sortie les enfants ne maîtrisent pas les langues, les sciences, les arts. De bons citoyens, patriotes, et quasiment analphabètes, cela ne sert à rien.