Politique
El Othmani VS El Ouardi : Une sortie plus que maladroite
Lahcen El Ouardi n’est pas le pire ni le must que le secteur de la santé ait connu, mais il est certainement le meilleur ministre que le PPS ait produit
Question d’apparence anodine : Quelle est la différence entre Abdalilah Benkirane et son successeur à la tête du PJD et du gouvernement ? A mon sens aucune, si ce n’est une histoire de style et de sang ; l’un chaud, l’autre froid. En dehors de leur rivalité et de leurs nuances idéologiques, les deux islamistes naviguent dans le même bateau, sont sur un même cap et prennent les mêmes vents, versent dans le même océan. Ce qui n’empêche pas que parfois surgissent entre eux des positions et des appréciations qui les mettent aux antipodes l’un de l’autre. Celles touchant au travail accompli par le pépsiste Lahcen El Ouardi au ministère de la santé en est un exemple éloquent.
Pour Abdalilah Benkirane, c’est le meilleur ministre que la santé ait connu dans l’histoire du Royaume. C’est sans doute exagéré. Pour Saâdeddine El Othmani, ce serait le pire. Sans que ses « camarades » du PPS qui jouent leur survie ne volent à son secours. Les voies des chefs de gouvernement étant insondables, je n’ai aucune idée sur les raisons qui poussent les deux islamistes à émettre des jugements aussi opposés. Sachant toutefois qu’il n’y a pas beaucoup de médecins qui le portent dans leurs cœurs, Saâdeddine El Othmani étant médecin, je suis tenté de céder à la facilité de croire que l’actuel chef du gouvernement adopte une attitude corporatiste, mais seul Dieu sait.
Je ne sais pas si le secteur de la santé au Maroc est meilleur depuis le passage de Lahcen El Ouardi, même si j’ai tendance à croire que non. On connait l’état des lieux. Mais une chose est sûre : les prix des médicaments se portent mieux. C’est le seul ministre depuis l’indépendance du Maroc qui a osé s’attaquer à l’exorbitance injustifiée des coûts des produits pharmaceutiques allant parfois à des baisses dépassant les 50%. Si dans ce pays il n’y a plus de politique capable d’apprécier à sa juste valeur l’impact de ces décisions sur le budget et la vie des classes moyennes et modestes telles que définies par le Haut-Commissariat au Plan, il faut désespérer du présent et de l’avenir. Pour toucher de la main ce désespoir, il faut savoir que les classes moyennes regroupent 53% de la population (plus de 16 millions de personnes), contre 34% pour la seconde. En termes de revenu, la classe moyenne est répartie selon trois catégories.
La première constitue 28% de la classe moyenne dont le revenu dépasse la moyenne nationale à savoir les 5.308 DH. La deuxième catégorie représente 42%. Elle est intermédiaire avec un revenu compris entre 5.308 DH et 3.500 DH. La troisième et dernière catégorie, dite inférieure, perçoit un revenu en deçà de la médiane nationale, soit 3.500 Dh. Rien que pour ça Lahcen El Ouardi mérite les félicitations de la population reconnaissante. Il n’est pas le pire ni le must que ce secteur ait connu, mais il est certainement le meilleur ministre que le PPS ait produit depuis qu’il a accédé pour la première fois en 1998 au gouvernement.