chroniques
Éthique et politique...demain dès l'aube…
La renonciation à recevoir des indemnités parlementaires pose plus de problèmes qu'elle n'en résout et ne participe aucunement à faire des économies pour la nation pas plus qu'elle n'assure aux nouveaux parlementaires une crédibilité et une probité morale et éthique. La vie parlementaire ne se résume pas en la présence de ses membres dans l'hémicycle...
Ilyas El Omari a pris, en réunion du bureau politique du PAM, la décision de faire renoncer aux 102 députés de son parti, le bénéfice de leurs indemnités du fait que pendant les trois premier mois de la vie de la dixième législature, la chambre des représentants s'est trouvée dans la contrainte d'un arrêt de rigueur de ses travaux au motif d'une crise institutionnelle sans précédent.
A première vue, cette initiative a l'avantage d'un effet d'annonce indéniable, dans le public, à un moment où l'ensemble de la classe politique est décriée et que la crise économique frappe de larges couches de la société. Elle tend également à faire un pied de nez, au chef du gouvernement, responsable selon ce parti, de la crise non seulement au niveau du gouvernement mais aussi de la paralysie du parlement. Elle vient, enfin, remettre le PAM au devant de la scène politique, après l'élection de Habib Malki au perchoir, de peur de n'apparaître désormais que comme une force d'appoint au jeu orchestré depuis le début des tractations pour la constitution du nouveau gouvernement par Aziz Akhenouch, président du RNI avec moins d'une quarantaine de députés.
En réalité, la renonciation à recevoir des indemnités parlementaires pose plus de problèmes qu'elle n'en résout et ne participe aucunement à faire des économies pour la nation pas plus qu'elle n'assure aux nouveaux parlementaires une crédibilité et une probité morale et éthique. La vie parlementaire ne se résume pas en la présence de ses membres dans l'hémicycle. Il y est fait obligation, sans aucun doute, d'assurer un plein engagement dans la production législative, une vigilance sans faille au contrôle du gouvernement, ne se limitant d'ailleurs aucunement aux seules adresses de questions orales ou écrites au gouvernement et, sans se départir désormais, de la nécessaire présence sur la scène internationale de la diplomatie parlementaire.
Certes, le parlementaire est le représentant de la nation. Il ne s'occupe pas que de la vie quotidienne de sa circonscription mais c'est de là qu'il fait remonter tout ce qui a trait aux exigences nationales et aux préoccupations de la société civile dans ses différents compartimentages. Un grand nombre de la nouvelle génération d'élus se doivent de se forger aux contacts des populations par l'organisation de permanences dans les circonscriptions et de relais pour expliquer et comprendre ce qui se fait et ce qu'on est en droit d'attendre … C'est un travail qui nécessite une formation et des moyens. L'engagement n'est pas réservé aux seuls élus des circonscriptions mais devrait trouver des focus aux autres élus des listes nationales!
Dans ce cadre,il n'est pas interdit d'investir dans des instituts d'études et de recherche parlementaires indépendants ou donner des moyens aux associations des fonctionnaires de cette institution pour activer leurs cycles d'études et de perfectionnement en droit parlementaire. Et pourquoi ne pas s'autoriser, la création, à l'instar du IRI (international republican institute) ou du NDI (national democratic institute) américains pour l’Afrique pour faire contribuer le pouvoir législatif à l'élan donné, par SM le Roi, à la coopération sud-sud notamment depuis le retour du Maroc dans sa famille africaine.
Il n'est plus besoin dans ce cas d'attendre des missions parlementaires officielles,en Afrique, pour se forger à l'international; des stages et des cycles de formation, par exemple, seraient d'une utilité imparable pour qui voudrait assurer un ancrage dans ce domaine. Il est impératif que l'art du Politique retrouve dans l'éthique son sens et sa motivation...l'avenir de la démocratie en dépend.