chroniques
La dernière chance !
Le Roi, lors du discours de Dakar, a fixé la feuille de route. L’alliance gouvernementale n’est pas le partage d’un gâteau. Le gouvernement, c’est une équipe, des compétences, un programme, des actions qui s’inscrivent dans la permanence des choix de la Nation
L’éviction de Benkirane et la nomination de Saâd-Eddine El Othmani ont donné lieu à une série d’interprétations. Il paraît nécessaire de s’attacher à l’essentiel, pour permettre au débat politique de déboucher, enfin, sur des solutions en faveur des institutions et de leur bonne marche.
La solution choisie par le Roi s’inscrit totalement dans l’esprit de la constitution. C’est même celle qui colle le plus à la constitution de 2011, qui stipule que le Roi nomme une personnalité politique du parti arrivé premier, sans l’obliger à prendre le chef.
Le Roi, en garant de la marche des institutions, avait la possibilité d’opter pour des alternatives, il a préféré continuer à s’inscrire dans la continuité du respect de l’esprit de la constitution. Ce n’est pas rien et il faut le saluer.
Nous avons assisté pendant cinq mois à un blocage, qui au fil du temps n’avait plus rien de politique. C’est devenu une guerre d’égos, ressentie par les Marocains comme telle et déshonorant, au niveau de l’opinion publique, l’ensemble des politiques. C’était une situation dangereuse pour la construction démocratique.
Ensuite, ce blocage a eu des effets pervers au niveau économique, mettant en jeu la survie d’entreprises, des emplois et entamait le respect de larges pans de la société marocaine vis-à-vis de la classe politique.
La nomination d’EL Othmani respecte la démarche démocratique. En reprenant langue avec tous les partis, il ouvre une perspective d’une solution rapide. Il a pour lui un préjugé favorable d’un homme discret, respectueux de ses adversaires. Il est fort à parier qu’il saura dépersonnaliser le débat, revenir à des bases politiques, tout en respectant les choix du PJD, dont il est toujours le président du Conseil National. Les décisions de la réunion de samedi dernier de ce même Conseil vont d’ailleurs dans ce sens.
Maintenant, il faut que tous les acteurs s’élèvent. Les Marocains veulent un gouvernement qui réponde à des aspirations légitimes, urgentes. Une politique économique qui relance l’activité, l’investissement, et donc, l’emploi. Une protection des plus faibles, une amélioration de la qualité et de la présence territoriales des services publics, une aspiration démocratique avec l’ouverture à la société civile, une vraie réforme de l’administration, de la justice, de l’éducation nationale, de la santé publique.
La guerre des égos, quelque soit leur choix électoral, leur paraît indécente, face aux enjeux. EL Othmani doit tenir compte de ces aspirations lors de ses échanges. Il ne peut pas continuer sur une voie qui a échoué, juste par fidélité à son secrétaire général. C’est une excellente sortie par le haut, pour son parti sorti vainqueur des législatives, qui se trouve taxé de sectarisme, d’immaturité.
Le Roi, lors du discours de Dakar, a fixé la feuille de route. L’alliance gouvernementale n’est pas le partage d’un gâteau. Le gouvernement, c’est une équipe, des compétences, un programme, des actions qui s’inscrivent dans la permanence des choix de la Nation. Si le nouveau chef de gouvernement désigné suit cette feuille de route, l’horizon s’éclaircira et la crise politique ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Si, au contraire, celle-ci perdure, le Maroc aura perdu, à nouveau, un rendez-vous avec l’histoire.