chroniques
La gauche ou la nécessitéé d'un Sisyphe
La gauche doit se réinventer, non par luxe intellectuel, mais parce que l'humanité en a besoin
Partout dans le monde la gauche recule au profit de mouvements populistes en Occident, islamistes et nationalistes en Orient. Les deux situations sont très différentes. En Occident la gauche est issue du mouvement ouvrier, elle recule, explose, pour deux raisons, l'une objective, l'autre subjective:
-objectivement l'ère post-industrielle c'est le rétrécissement de la part de la classe ouvrière dans la population. Celle-ci n'est plus le porte-drapeau du progrès mais le défenseur d'un monde qui périclite. C'est l'explication du vote ouvrier en faveur de Le Pen en France, de la Ligue en Italie.
-Subjectivement parce que la gauche occidentale a perdu la bataille des idées par sa reddition face à l'ultralibéralisme et son abandon d'une conception d'un état protecteur Ou du moins régulateur. En France, le quinquennat Hollande est la personnification de cette soumission et le cataclysme qui s'en suivit est une sanction historique logique.
En Orient, ce que l'on appelle la gauche est en fait un ersatz. Elle a toujours été phagocytée par le nationalisme petit-bourgeois. Si elle défendait les aspirations égalitaire et libertaire, elle les enveloppait par un discours identitaire, parce que la question n'est pas réglée dans ce pays. Des questions comme la laïcité, le droit des femmes à disposer de leur corps sont toujours tabous. Mais là aussi les choix économiques se soumettent aux lois du marché, Au nom de la modernité. Les islamistes profitent du repli identitaire, face aux multiples agressions occidentales, mais aussi du désarroi causé par le renforcement des inégalités sociales comme résultat inhérent à des modèles de développement où la comptabilité l'emporte sur l'humain, où l’on préfère ajouter une voie d’autoroute au lieu de désenclaver les montagnes au mépris des vies humaines.
Chez nous, comme chez eux, le désastre est absolu. Pourtant les forces sociales acquises aux idées de liberté, d'égalité, existent et s'expriment tous les jours dans des combats parcellaires. L'humanité a progressé, dans l'histoire, quand elle était portée par les aspirations égalitaires et libertaires. Si la gauche veut renaître de ses cendres, et c'est une nécessité historique à mon sens. Si on veut éviter la barbarie, il lui faut redonner un contenu à ces aspirations. L'idée de revenu universel, les questions d'environnement, le rôle du travail dans la société, les missions de l'État, le rôle de la culture, doivent faire l'objet de propositions concrètes.
La gauche doit se réinventer, non par luxe intellectuel, mais parce que l'humanité en a besoin. Les excès du libéralisme et la poussée des populismes ne débouchent que sur les guerres, la barbarie et le dépérissement de l'humanité.