chroniques
Le plus beau pays du monde
La douce France de Charles Trenet mue sous nos yeux en drôle d’hexagone. L’affaire Fillon n’est que le catalyseur dans le “plus grand musée du monde”, des vicissitudes qui commencent à la faire ressembler au plus grand bazar de la planète
François Bayrou, ancien ministre français, président du MoDem, l’une des composantes du centre, plusieurs fois candidat malheureux à L’Elysée, n’est pas allé de main morte. Commentant mercredi 8 février le “Pénélopegate” qui a jeté le candidat de la droite et du centre à la présidence, François Fillion, dans la tourmente de l’abus dans l’usage de l’argent public, François Bayrou a déclaré sans hésiter que «jamais dans l'histoire de la République [française], un candidat aux plus hautes fonctions, à la présidence de la République, n'a été ainsi sous l'influence des puissances d'argent». Bayrou qui s’apprête ainsi à déclarer pour la quatrième fois sa candidature aux plus hautes fonctions de l’Etat, faisait allusion à une rémunération de 200 mille euros (plus de 2 millions de dhs) du Cabinet de conseil de l’ancien premier ministre par les assurances Axa. Cela n’aurait eu sûrement aucune conséquence, d’autant plus que c’est Fillon lui-même qui a mis ces informations en ligne pour faire taire ses détracteurs virulents et nombreux, si le candidat Fillon n’avait dans ses projets, même s’il s’en défend maintenant, de privatiser l’assurance maladie. Cette trame fait sauter tout de suite aux yeux la forte probabilité du conflit d’intérêt. Ses tentatives de se dégager des sables mouvants du présumé emploi fictif de son épouse et de ses deux enfants n’en deviennent que plus ardues.
La douce France de Charles Trenet mue sous nos yeux en drôle d’hexagone. L’affaire Fillon n’est que le catalyseur dans le « plus grand musée du monde », le superlatif étant une spécialité très française, des vicissitudes qui commencent à la faire ressembler au plus grand bazar de la planète. Les taxieurs et camionneurs qui bloquent les routes dès qu’ils ne sont pas contents, les agriculteurs qui sortent leurs tracteurs et envahissent les autoroutes dès qu’ils ont le sentiment d’être lésés, les cheminots et les métroleurs qui partent en grève plus vite que le tgv ne fait Paris-Lille dès que l’on essaye de toucher à la pénibilité de leurs conditions de travail, le gouvernement qui ne réussit pas à mettre au pas les zadistes de Notre-Dame-des-Landes ni à faire aboutir son projet de construction d’un aéroport en dépit d’un référendum en bonne et due forme, et maintenant les électeurs des primaires des deux camps qui s’amusent à sortir les favoris au profits des outsiders … Dans sa Colombey-les-Deux-Eglises, De Gaulle doit bien rire. Quoi que lui non plus n’a pas été épargné par les troubles thymiques des Français. Mais De Gaulle rigolera certainement moins si le discrédit qui frappe les élites françaises ouvre le grand portail du Palais de L’Elysée à l’extrême droite de Marine Lepen. Sauf si Emanuel Macron, l’enfant prodige surgi de nulle part et autoproclamé antisystème, réussit à sauver la mise. Ce n’est pas le nec plus ultra, mais entre le doux rêveur qu’est Benoît Hamon et le fou furieux qu’est Jean-Luc Mélenchon, c’est pour la France le moindre mal.