chroniques
Le terrorisme : un défi mondial
Sur le net, des internautes originaires de plusieurs pays arabes, y compris le Maroc, saluent l’assassinat de l’ambassadeur russe. C’est un délit au regard de la loi...C’est surtout un indicateur du chemin qu’il nous reste à parcourir
L’horreur s’est abattu sur Berlin, rappelant que le risque zéro n’existe nulle part quelque soit la politique sécuritaire menée. Presque au même moment, Boko Haram menait des attaques en Afrique de l’Ouest. On l’oublie souvent, mais en Afrique, des États sont confrontés quasi quotidiennement au terrorisme, aux crimes de masse. La guerre contre le terrorisme est une nécessité, mais est-elle suffisante ?
La raison voudrait qu’elle soit d’abord encadrée. Le monde civilisé la perdrait s’il devait, pour la mener, abandonner ses propres valeurs, qui sont la première cible des terroristes. Une autre guerre, non violente, nous attend tous, celle de l’éradication des idéologies de la haine. C’est un travail en profondeur qui concerne toutes les sociétés. Malheureusement, dans les pays occidentaux, ce sont les projets de fermeture, de repli sur soi, qui l’emportent. L’islam est peu ou prou stigmatisé en tant que religion. La laïcité est brandie comme une arme de guerre contre cette foi, alors qu’elle est censée la protéger au même titre que les autres croyances. Ces errements empêchent les débats salutaires que sont ceux relatifs à l’intégration des populations issues de l’émigration. La ghettoïsation a produit des effets néfastes, dont le plus pervers est la radicalisation religieuse. Celle-ci n’est pas une quête spirituelle, mais un refuge identitaire contre le pays d’accueil, accusé de tous les maux. Ce sont des jeunes qui sont nés, élevés en Europe qui commettent ces horreurs. C’est le pire des échecs des politiques d’intégration.
L’erreur serait de mettre ces échecs sur le compte d’une religion ou d’une culture. Ce que plusieurs discours laissent entendre. La sphère arabo-musulmane a un rôle important à jouer. Avant les armes, il y a une idéologie à combattre. L’éducation religieuse dans tous les pays musulmans n’est pas exempte de tout reproche. Elle mélange toujours ce qui relève de la foi, du divin, et de l’histoire qui est humaine. Ce nœud gordien doit être tranché, si on veut éradiquer la Salafia Jihadia et son fantasme criminel. La guerre contre le terrorisme doit être, absolument, mondiale. La coopération existe, mais n’est pas aussi pleine qu’on le voudrait.
Cependant, la réponse sécuritaire ne suffit pas. Force est de constater que les guerres d’Afghanistan et d’Irak, la création d’autres foyers de tension, ont plutôt renforcé le phénomène jihadiste. La communauté internationale doit s’attacher à ramener la paix dans tous ces pays. Ce n’est pas parce que l’EI sera défait à Mossoul que le problème sera résolu. Les grandes puissances ont cette responsabilité de rétablir les États nationaux et d’éviter que d’autres États ne se disloquent. Mais il appartient à tout homme, toute femme d’apporter son écot. Il faut lutter contre la haine, le racisme, l’incitation à la violence au quotidien.
Sur le net, des internautes originaires de plusieurs pays arabes, y compris le Maroc, saluent l’assassinat de l’ambassadeur russe. C’est un délit au regard de la loi, puisque c’est de l’apologie du terrorisme. C’est surtout un indicateur du chemin qu’il nous reste à parcourir, pour éradiquer une pensée mortifère. La démocratie, la tolérance, la solidarité, sont les antidotes dont dispose l’humanité. Utilisons-les !