chroniques
L’Education : un enjeu fondamental
L’Afrique a une population très jeune et les besoins sont colossaux. Or, c’est en donnant à cette jeunesse un avenir sur place, que l’on peut régler une multitude de problèmes
Dans toutes les sociétés, le rôle de l’Education est central, et les pouvoirs publics s’attachent à agir en conséquence. Les problèmes migratoires, le terrorisme, le sous-développement sont souvent aggravés par l’échec des politiques éducatives dans les pays du Sud de la Méditerranée.
Au Maroc, le pays a sauvegardé sa stabilité lors du fameux ‘’printemps arabe’’, qui s’est transformé en chaos absolu dans différents pays de la région avec ses conséquences catastrophiques sur la stabilité de toute la région et au delà.
Cependant, les déficiences du système éducatif sont établies et reconnues, y compris par les officiels marocains. L’inadéquation avec le marché de l’emploi et la perte de l’engagement civique ont fait que le constat a été accablant.
Le Roi Mohammed VI développe une approche nouvelle qui s’appuie sur plusieurs piliers. L’école est réformée pour devenir plus inclusive, mais aussi plus incitative. Des programmes sociaux ont été mis en place. Ils comprennent des aides directes aux familles, mais aussi le transport scolaire gratuit et les internats. C’est d’une très grande utilité en milieu rural, surtout dans les villes du Nord du Maroc, où cette jeunesse est tentée ou bien par l’immigration ou bien par des activités illicites de trafic.
Ce qui est novateur aussi, c’est la réorientation de la formation professionnelle. Elle se dirige désormais vers une institutionnalisation de la proximité, en incluant les métiers traditionnels. L’objectif est bien d’améliorer l’employabilité des jeunes en les aidant à acquérir les compétences susceptibles de correspondre aux besoins du marché. Cette réforme du système éducatif s’inscrit dans une démarche globale qui n’est pas uniquement socio-économique, mais vise aussi à maintenir l’ouverture du Maroc, son intégration au marché mondial ainsi que son attractivité pour l’investissement étranger.
Cet effort, cette mobilisation, sont coûteux du point de vue budgétaire, alors que l’Etat doit faire face à la lutte contre la pauvreté et à l’amélioration des autres services public et des
infrastructures. C’est pourtant le seul moyen de répondre à des défis poignants. Les failles du système éducatif sont l’une des causes de deux phénomènes qui concernent le monde entier : le terrorisme et l’immigration clandestine.
C’est parce que les jeunes n’ont pas acquis la capacité de l’esprit critique, un socle de valeurs, et qu’ils sont dans des positions sociales précaires, qu’ils sont facilement influençables par les théories simplistes. C’est parce qu’ils n’ont pas reçu une formation adéquate, leur permettant de trouver un emploi, une place dans la société, qu’ils traversent
la Méditerranée, au péril de leur vie.
L’Europe, l’Espagne en particulier devrait soutenir les efforts du Maroc, ne serait-ce que pour ces deux raisons alors qu’il y’en a d’autres. L’Europe, qui répète à l’envie que le nouveau gisement de la croissance c’est l’Afrique, doit soutenir l’éducation. Cela lui permettrait d’avoir une main d’oeuvre qualifiée sur place. Le soutien peut être multiforme, dans le cadre de l’aide au développement, ou en finançant des programmes spécifiques. Cela se fait, mais à des doses homéopathiques, parfois très marginales.
L’Afrique a une population très jeune et les besoins sont colossaux. Or, c’est en donnant à cette jeunesse un avenir sur place, que l’on peut régler une multitude de problèmes. Les pays développés, surtout ceux présents en Afrique, ne peuvent pas se détourner de cette responsabilité. Il y va de l’avenir de la stabilité et de la prospérité du monde.